« Corbyn a fait du parti un refuge pour les antisémites » : au Royaume-Uni, la communauté juive se détourne du Labour

  • 2019-12-11 19:27:27
Accusé d’avoir laissé l’antisémitisme s’installer au sein du parti, le chef de file des travaillistes a essuyé les critiques du grand rabbin du Royaume-Uni. Une cinquantaine de personnes se pressent dans une salle de projection, au sous-sol d’un hôtel de Soho, au cœur de Londres. On se reconnaît, on s’embrasse : tous sont d’éminents représentants de la communauté juive britannique. Des lords, des ex-députés, des historiens, des écrivains, quelques militants. Ils sont réunis, ce dimanche matin, pour le lancement du livre Forced out (« expulsés »), et du documentaire du même nom, traitant des démissions de membres juifs – et non juifs – du Parti travailliste, se disant traumatisés par l’antisémitisme en son sein. Le sujet est d’une actualité brûlante, à quelques jours de l’élection générale du 12 décembre. Mais « il ne s’agit pas d’un événement anti-Labour », précise d’emblée, un peu contre l’évidence, Judith Ornstein, auteure du livre, dont l’universitaire David Hirsh a tiré le documentaire. Dans ce dernier, une dizaine d’ex-membres du Labour, juifs comme Dany Louise, conseillère municipale à Hastings, ou Dame Louise Ellman, ex-députée, mais aussi non juifs comme Joan Ryan et Ian Austin, également ex-députés, racontent pourquoi ils ont dû renoncer à leur engagement politique. Les mots sont durs, les témoignages émouvants. Harcèlement en ligne, députés et conseillers accusés d’être « sionistes », collègues « obsédés par leur haine anti-Israël », dans le cas de Dame Louise Ellman, passant leur temps à lui demander des comptes sur la politique israélienne. Cette députée, en fonction depuis la fin des années 1990, a démissionné en octobre, n’en pouvant plus d’être traitée de « raciste ».

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