Le nord-est de l’Inde s’enflamme contre Narendra Modi
2019-12-14 14:18:59
Des milliers de manifestants protestent, malgré le couvre-feu imposé par les autorités, contre la réforme de la loi sur la nationalité adoptée par le Parlement.
Narendra Modi a-t-il sous-estimé les conséquences de sa réforme de la loi sur la nationalité ? Depuis l’adoption de ce texte au Parlement le 11 décembre, un immense vent de colère souffle dans le nord-est de l’Inde, en Assam, Tripura, Meghalaya, Bengale-Occidental. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, pour protester contre la loi qui va naturaliser les réfugiés du Pakistan, de l’Afghanistan et du Bangladesh appartenant à six religions à l’exception des musulmans. Des routes ont été bloquées, des bus et des gares ont été incendiés, ainsi que la résidence d’un responsable politique. Les manifestants ont brûlé l’effigie du ministre de l’intérieur Amit Shah, le porteur de la réforme.
La situation est explosive et l’on compte déjà deux morts, de 17 et 21 ans, tués par balle par la police, à Guwahati, en Assam. Un couvre-feu a été imposé dans plusieurs villes ; les avions, les bus, les chemins de fer sont suspendus. Les liaisons téléphoniques et Internet ont été coupés. Mais rien ne décourage les manifestants. Vendredi 13 décembre, ils étaient des milliers à braver les interdictions pour crier leur colère à Guwahati, l’épicentre de la contestation.
A New Delhi, les étudiants de l’université Jamia Millia Islamia, qui voulaient eux aussi manifester, vendredi, contre la loi, ont été violemment réprimés. Cinquante d’entre eux ont été arrêtés. Des étudiants ont été grièvement blessés. Le gouvernement veut surtout éviter une contagion. Il a visiblement été pris de court par la révolte en Assam. Narendra Modi avait prévu de recevoir le premier ministre japonais, Shinzo Abe, samedi 14 décembre dans la ville de Guwahati. La rencontre a été annulée in extremis.