Le général Gaïd Salah, dernière figure du « système » en Algérie

  • 2019-12-16 07:11:16
L’Algérie a désormais un président, mais elle n’a qu’un seul vrai chef, et ce n’est pas Abdelmadjid Tebboune, élu jeudi 12 décembre au terme d’un scrutin contesté. L’unique dirigeant de l’Algérie s’appelle Ahmed Gaïd Salah. Chef d’état-major et vice-ministre de la défense, le général Gaïd Salah s’est imposé, à la faveur du « hirak », le mouvement de contestation qui agite le pays depuis le 22 février, comme le visage du pouvoir. Tous les soirs, au journal de la télévision d’Etat, il admoneste, sermonne, ordonne ou menace, à l’occasion de discours au ton lénifiant prononcés devant des troupes au garde-à-vous lors de telle ou telle inauguration, cérémonie ou commémoration. Jamais depuis Houari Boumediene, qui régna de 1965 à 1978, un seul homme n’avait concentré autant de pouvoirs. Pourtant, Ahmed Gaïd Salah n’a ni la légitimité révolutionnaire et historique ni le charisme de son lointain prédécesseur. Aussi enrobé que Boumediene était maigre et frugal, le chef d’état-major en est comme le double inversé. Il incarne la mutation d’une armée sortie exsangue mais victorieuse et revancharde de la guerre d’indépendance en une institution puissante, sûre d’elle et repue de richesses. Contrairement à Boumediene et aux présidents Chadli (1979-1992) puis Zeroual (1994-1999), issus, eux aussi, de l’armée, il préfère manœuvrer dans l’ombre, en s’abritant derrière un pouvoir civil de façade, comme ce fut le cas pendant les dernières années de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika.

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