« Notre combat est un combat pour une certaine idée de l’Inde » : protestations à New Delhi contre la réforme de la nationalité sur des critères religieux
2019-12-19 11:24:08
L’université musulmane Jamia Millia Islamia, à l’origine de la protestation contre la réforme de la nationalité et prise d’assaut dimanche par la police, demande l’ouverture d’une commission d’enquête.
L’immense portail en fer de la Jamia Millia Islamia est clos. L’université musulmane, située dans le sud de New Delhi, d’où la colère contre la réforme de la loi sur la nationalité s’est propagée à toute l’Inde, ne rouvrira pas ses portes avant le 5 janvier 2020. A 100 mètres de l’établissement, au pied d’une station de métro, une colonne de policiers, casqués, armés de fusils et de bâtons, est prête à intervenir. Des dizaines de barrières métalliques jaunes ont été entreposées pour fermer la route en cas de nécessité.
Chaque jour, depuis dimanche, une foule se presse dès le matin devant les grilles, au milieu de la circulation, sous le métro aérien. Dans une atmosphère un peu chaotique, les étudiants, mais aussi des groupes de musulmans viennent exprimer leur colère contre les violences policières et contre le gouvernement. Les caméras des télévisions indiennes sont placées sur le trottoir opposé pour observer le moindre mouvement. L’université musulmane de New Delhi est devenue un symbole.
Mardi 17 décembre, devant les grilles, les manifestants brandissaient des grandes feuilles blanches « no to facism, no to NRC/CAA » pour dire non au fascisme, non au Registre national des citoyens (NRC), non au « Citizenship Amendment Act » (CAA), cette réforme de la loi sur la nationalité adoptée par le Parlement le 11 décembre. Elle entend régulariser des réfugiés de six religions (parsis, sikhs, bouddhistes, chrétiens, jaïns, hindous), en provenance du Pakistan, de l’Afghanistan et du Bangladesh, à l’exception des musulmans, cibles des nationalistes hindous. Pour la première fois en Inde, alors que la laïcité est inscrite dans la Constitution, la loi accorde la nationalité en se basant sur des critères religieux.