A Hongkong, la police s’attaque au soutien financier des activistes
2019-12-24 17:22:10
Les forces de l’ordre prennent pour cible une plate-forme de crowdfunding qui a récolté, ces six derniers mois, l’équivalent de 8 millions d’euros pour aider les militants anti-gouvernementaux.
Des milliers de manifestants – 45 000 selon les organisateurs – se sont réunis, pacifiquement, lundi 23 novembre à Hongkong pour protester contre l’arrestation, jeudi 19 décembre, de quatre personnes lors d’une perquisition de la police au siège de Spark Alliance, une plate-forme de crowdfunding destinée à soutenir les militants aux prises avec les autorités. La police accuse celles-ci – un étudiant, deux employés et un responsable – de « blanchiment d’argent ». Elle soupçonne le responsable d’avoir également détourné une partie des sommes pour acheter des produits d’assurances à son nom.
En outre, la police reproche à Spark Alliance de ne pas avoir payé d’impôt. Elle a également affirmé « ne pas exclure que les fonds étaient utilisés comme récompense pour encourager les jeunes » à participer au mouvement. Sur sa page Facebook, Spark Alliance dénonce « la tactique calomnieuse » de la police. Lancée en 2016, Spark Alliance avait récolté 70 millions de dollars de Hongkong (HK dollars) ces six derniers mois, soit environ 8,1 millions d’euros. Une somme gelée par la police.
« Dans l’œil du cyclone »
En novembre Spark Alliance avait indiqué que la banque HSBC avait fermé son compte, estimant que sa finalité n’était pas celle initialement déclarée. Dans la foulée des arrestations, la banque HSBC a, dans un communiqué, indiqué qu’elle avait fermé le compte « à la demande du client » et que cette décision était sans aucun lien avec l’opération menée par la police. Un communiqué publié alors que, sur les réseaux sociaux, les militants s’interrogent pour savoir s’il convient ou non de boycotter HSBC. Ils voient dans cette décision un signe supplémentaire de la pression de Pékin et des autorités de Hongkong sur les milieux d’affaires de la région administrative spéciale. La députée pro-démocrate, Claudia Mo, estime, comme les manifestants, que la police a simplement voulu priver de moyens financiers les militants qui se battent pour la démocratie à Hongkong et contre Pékin. « C’est trop pratique d’appeler cela du blanchiment d’argent », estime la députée.
Depuis le début du mouvement mi-juin, plus de 5 800 personnes auraient été arrêtées et doivent être jugées. Après l’occupation de plusieurs universités et des élections locales largement remportées par les pro-démocrates fin novembre, la tension était légèrement retombée. « Nous sommes dans l’œil du cyclone », assurent les Hongkongais. Le président chinois Xi Jinping, recevant à Pékin Carrie Lam, la chef de l’exécutif de Hongkong, le 16 décembre, lui a de nouveau renouvelé sa confiance mais lui a donné comme principale mission de rétablir l’ordre.