Le point sur l’affaire du manifestant frappé au sol à Paris : une enquête interne et trois plaintes de policiers

  • 2020-01-20 18:27:50
L’incident, qui a eu lieu lors d’une manifestation des « gilets jaunes », le 18 janvier, a été filmé et largement diffusé en ligne, et fait désormais l’objet de versions contradictoires. Une enquête de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) d’un côté, des plaintes déposées par la police de l’autre. Le manifestant frappé au sol par un policier samedi lors de la manifestation parisienne des « gilets jaunes » a été déféré au parquet de Paris et sera jugé ultérieurement pour violences sur des policiers, un incident objet de versions contradictoires qui a fait réagir jusqu’au ministre de l’intérieur. Clément F., dont l’interpellation filmée a été largement relayée sur les réseaux sociaux, « va être présenté dans l’après-midi à un magistrat du parquet » qui doit lui notifier sa « convocation » devant le tribunal correctionnel, a annoncé, lundi, le parquet de Paris. Il sera jugé pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique », « rébellion et participation à un groupement formé en vue de commettre des violences et des dégradations ». Dans l’attente de son procès, dont la date n’est pas encore connue, le parquet va requérir sa mise en liberté sous contrôle judiciaire. Selon une source policière contactée par Le Monde, trois fonctionnaires, dont celui directement impliqué sur la vidéo, ont porté plainte contre le jeune homme. Crachat et coups de poing Une vidéo filmée samedi lors de la manifestation des « gilets jaunes » montre ce manifestant allongé au sol devant l’armurerie de la gare de l’Est, le visage ensanglanté, se faire frapper deux fois par un policier. Sur un autre angle de la scène, filmée autour de 14 h 30 par l’AFP TV, le jeune homme – couché sur le ventre et déjà menotté – crie de douleur quand le fonctionnaire lui appuie son genou sur le bras. Sur la base de ces images, le parquet de Paris a ouvert dimanche une enquête pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique », confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices ». De son côté, le préfet de police a lancé une enquête administrative afin de « faire toute la lumière sur cette action ». Selon le récit d’une source policière, Clément F., 20 ans, a été arrêté après avoir jeté une bouteille en verre sur un fonctionnaire de police, puis asséné des « coups de poing dans la tête » et des « coups de pied dans le dos » d’un commandant en train d’interpeller un autre manifestant. Des policiers seraient alors intervenus pour l’interpeller et le mettre à l’écart. L’un deux, ayant constaté que Clément F. était blessé au visage, aurait voulu lui porter les premiers soins. Mais ce dernier aurait refusé et lui aurait craché à plusieurs reprises « au visage et dans la bouche », déclarant avoir le sida. C’est alors que le policier lui aurait, selon sa version, donné une gifle puis un coup de poing pour le faire cesser. Il a ensuite été transféré à l’hôpital pour suivre un protocole contre le VIH. « Il était maintenu au sol et ne représentait aucune menace », assurent de leur côté les avocats de Clément F., Alice Becker, Raphaël Kempf, Eliot Sourty et Camille Vannier, qui contestent son défèrement au parquet : « Nous ne pouvons que nous insurger contre ce choix alors qu’une enquête est ouverte à l’IGPN à la demande du parquet de Paris concernant les violences reprochées au policier », écrivent-ils dans un communiqué lundi. « S’il y a une faute, elle sera sanctionnée » « J’ai vu ces images, qui sont des images choquantes pour lesquelles le préfet de police a immédiatement saisi ses services pour les comprendre, pour voir s’ils peuvent trouver une explication. A l’heure qu’il est, je n’en vois aucune, a déclaré le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, lors d’un déplacement à Rennes. « Il faut que la vérité soit faite sur cet acte et que nous le comprenions. S’il y a une faute, elle sera sanctionnée. » M. Castaner a estimé que les forces de l’ordre devaient appliquer « les doctrines d’emploi de la force avec exigence ». « Les seuls qui sont légitimes à employer la force, ce sont les forces de l’ordre, mais elles doivent le faire avec rigueur, avec proportionnalité, et c’est ce qu’elles font au quotidien », a-t-il ajouté. Le ministre de l’intérieur a aussi insisté sur les violences qui ont marqué la manifestation de samedi, évoquant « plusieurs tentatives de mise à feu et un kiosque qui a été brûlé ». « Les “gilets jaunes” voulaient revenir à Paris, ils avaient appelé à une grande manifestation. Il n’y a pas eu de grande manifestation, il y a eu des violences et il y a eu un certain nombre d’incendies et de tentatives de mise à sac sur plusieurs commerces », a détaillé M. Castaner.

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