Au Pakistan, les Pachtouns se remobilisent pour la défense de leurs droits

  • 2020-01-20 18:35:20
Le Mouvement de protection des Pachtouns (PTM) suscite un vaste engouement populaire et cherche à faire plier le gouvernement d’Imran Khan. Deux ans après son irruption dans le paysage politique pakistanais, le Mouvement de protection des Pachtouns (PTM) inquiète de nouveau le pouvoir à Islamabad. Après avoir multiplié les longues marches à travers le pays depuis sa création en janvier 2018, il a donné rendez-vous à ses troupes le 2 février, à Quetta, capitale du Balouchistan (ouest), en vue de saluer la mémoire d’Arman Lonri, militant de la cause pachtoune décédé il y a un an, lors d’un sit-in réprimé par la police. Dimanche 12 janvier déjà, un rassemblement de plusieurs milliers de personnes s’est tenu à Bannu, une ville de la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord) située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Peshawar, en dépit du froid glacial qui s’abattait sur la région. Il s’agissait alors de commémorer la mort de Naqibullah Mehsud, un jeune Pachtoun tué lors d’une opération de police à Karachi début 2018. Une structure tribale En insistant sur la dimension « apolitique » du PTM, une organisation de défense des droits civiques, son leader, Manzoor Pashteen, 28 ans, a pris le micro, le 12 janvier, pour relancer l’idée d’une assemblée des leaders pachtounes (« jirga »). Il a appelé les partis sensibles à la cause de ce peuple vivant à cheval sur l’Afghanistan (où ils seraient 20 millions et représenteraient 60 % de la population) et le Pakistan (35 millions de personnes, soit 17 % de la population), à rejoindre cette future instance. Dans le monde pachtoun, le jirga est une structure tribale qui s’inscrit dans la tradition d’Abdul Ghaffar Khan (1890-1988), pendant musulman du mahatma Gandhi qui s’opposa lui aussi, par la non-violence, à l’occupation britannique au début du XXe siècle. Selon Manzoor Pashteen, « l’unité est le seul moyen de mettre fin » aux souffrances des Pachtouns. Ces sept derniers mois, le PTM avait pourtant fait profil bas, en attendant de connaître le sort de deux de ses membres fondateurs, Ali Wasir et Mohsin Dawar, élus députés sans étiquette à l’Assemblée nationale lors des élections générales de juillet 2018 : arrêtés en mai 2019 pour l’attaque d’un check-point militaire au Waziristan, ils ont été libérés sous caution en septembre dernier. Le 12 janvier, les deux parlementaires sont apparus aux côtés de Manzoor Pashteen, pour affirmer que le PTM était bien « vivant » et qu’il n’abandonnerait « jamais » sa lutte.

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