En Bolivie, craintes de regain de tension avant les élections générales
2020-01-22 19:11:56
Les mouvements sociaux d’opposition au gouvernement intérimaire de Jeanine Añez appellent à de nouvelles mobilisations mercredi.
Le Parlement bicaméral de Bolivie a officiellement entériné, mardi 21 janvier, la démission d’Evo Morales, présentée le 11 novembre 2019 par l’ancien chef de l’Etat, désormais en exil en Argentine, un jour avant la fin officielle de son mandat, le 22 janvier.
Le vote s’est effectué dans un climat tendu, les mouvements sociaux opposés au gouvernement transitoire de Jeanine Añez (droite conservatrice) ayant annoncé, depuis plusieurs semaines, la reprise des mobilisations le 22 janvier. Une semaine plus tôt, afin d’éviter une vacance du pouvoir avant les élections générales fixées au 3 mai, le Tribunal constitutionnel avait validé la prolongation du mandat de la présidente par intérim jusqu’à la prise de fonctions de la nouvelle équipe présidentielle.
Les appels à la mobilisation font craindre un regain de violences, deux mois quasi jour pour jour après la signature d’un accord de pacification entre le gouvernement transitoire et les représentants des mouvements sociaux qui avait permis le maintien d’un calme précaire. Les affrontements entre sympathisants de M. Morales et ses adversaires, après les scrutins du 20 octobre 2019, puis la répression des forces armées sous le gouvernement intérimaire, avaient fait au moins 35 morts et plus de 800 blessés.
MilitarisationEn réaction aux annonces des mobilisations, le gouvernement de Jeanine Añez a militarisé certains secteurs du pays. Depuis le 16 janvier, des contingents de militaires et policiers patrouillent dans les grandes villes. Un acte de « prévention », selon les mots du ministre de la défense, Luis Fernando Lopez, pour « tranquilliser la population ». Un déploiement exceptionnel de 70 000 effectifs que l’ex-président Morales a qualifié « d’état de siège de facto ».
Les secteurs mobilisés entendaient également profiter du 22 janvier pour dénoncer les mesures d’un gouvernement jugé « fasciste ». Ils dénoncent des persécutions politiques et judiciaires d’anciens membres du gouvernement et d’opposants du Mouvement pour le socialisme (MAS), tandis que, le 8 janvier, le gouvernement annonçait l’ouverture de 600 enquêtes pour corruption.
« Il s’agit d’identifier qui sont les personnes qui ont commis des délits de corruption, ont détourné de l’argent public et l’ont transféré à l’étranger », avait déclaré Mathias Kutsch, directeur de l’unité de lutte contre la corruption au ministère de la justice. Ajoutant que les procédures visent « le président [Evo Morales], le vice-président [Alvaro Garcia], les anciens ministres et vice-ministres, chefs de cabinet » et responsables « actuellement réfugiés à l’étranger ». Les membres du gouvernement ne sont pas les seuls visés. Des fonctionnaires, des dirigeants d’entreprises publiques, le sont également.