Le leader de la contestation pachtoune arrêté par la police pakistanaise
2020-01-29 15:52:15
Manzoor Pashteen, fondateur du Mouvement de protection des Pachtouns (PTM), devait participer à un rassemblement dimanche 2 février à Quetta. Il a été interpellé lundi à Peshawar.
L’arrestation de Manzoor Pashteen fait du bruit au Pakistan. Le leader du Mouvement de protection des Pachtouns (PTM) a été interpellé par la police lundi 27 janvier en fin de journée, dans le quartier Tehkal Bala de Peshawar, capitale de la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord). Jusqu’à présent, les forces de l’ordre n’osaient pas arrêter ce militant de 28 ans qui a réussi à créer en janvier 2018 une organisation de défense des droits civiques au profit d’un peuple sans Etat, 55 millions de personnes vivant dans la partie centrale de l’Afghanistan et dans la ceinture tribale du nord-ouest du Pakistan, organisation qui inquiète le pouvoir en place à Islamabad.
M. Pashteen se sentait menacé et changeait plusieurs fois par jour de logement. Il n’a toutefois pas hésité, ces dernières semaines encore, à défier le gouvernement en faisant des apparitions publiques à l’occasion de grands rassemblements organisés un peu partout dans le pays, dans le but de réclamer le déminage des zones pakistanaises frontalières de l’Afghanistan, refuge de groupes djihadistes et insurgés depuis la chute du régime taliban afghan en 2001, mais aussi la fin des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées et des détentions illégales attribuées à l’armée pakistanaise.
« Promotion de l’animosité »
Le 12 janvier, Manzoor Pashteen avait participé à une manifestation à Bannu, au sud-ouest de Peshawar. Il comptait faire de même dimanche 2 février à Quetta, capitale du Balouchistan (ouest). Selon son mandat d’arrestation qui a été publié mardi 28 janvier par la presse locale, il est accusé de « conspiration contre l’Etat », de « sédition », « d’intimidations criminelles », d’appels à « l’abolition de la souveraineté pakistanaise », et plus généralement de « promotion de l’animosité » entre les Pachtouns (17 % de la population) et les autres groupes ethniques du pays, pour l’essentiel les Pendjabis (45 %) et les Sindhis (14 %).
Les autorités estiment qu’il a dépassé les bornes durant un rassemblement qui s’est tenu le 18 janvier à Dera Ismail Khan, au sud de Bannu. Selon les deux députés que le PTM compte à l’assemblée nationale, Mohsin Dawar and Ali Wazir (eux-mêmes incarcérés plusieurs mois en 2019), l’interpellation de Manzoor Pashteen, qui a été arrêté en même temps que neuf autres membres de son mouvement, vise à « punir la demande pacifique et démocratique de respect des droits » des Pachtouns.