Face au coronavirus, la Corée du Nord confrontée à la fragilité de son système de santé
2020-01-31 21:47:17
Manque de médicaments, personnel peu formé… Le pays, voisin de la Chine, pourrait difficilement faire face à une pandémie.
La Corée du Nord, voisin immédiat de la Chine, craint une extension de l’épidémie sur son territoire, dont les conséquences pourraient être dramatiques en raison de la vétusté de son système sanitaire. Pour l’heure, aucun cas n’a été officiellement recensé dans la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Mais selon l’Indice de sécurité sanitaire mondial 2019, établi par l’Organisation mondiale de la santé sur 195 pays, Pyongyang se classe dans les pays à la plus faible capacité à faire face à des maladies infectieuses – juste avant la Somalie et la Guinée équatoriale.
L’état de délabrement du système sanitaire nord-coréen remonte à l’écroulement de l’Union soviétique et la catastrophique famine de la seconde partie des années 1990. Aux carences en matière de détection, de diagnostics et de traitements s’ajoute un manque de médicaments aggravé par les sanctions internationales dont la RPDC fait l’objet depuis 2017, qui entravent l’action des organisations internationales et des quelques ONG présentes sur place.
Le régime en est conscient : au cours d’une visite en 2018 de l’usine d’équipements médicaux de Myohyangsan, le dirigeant Kim Jong-un avait critiqué le ministère de santé publique pour « avoir hiberné pendant trop longtemps ». Selon le Programme des Nations unies pour le développement, le système de santé nord-coréen souffre également des compétences professionnelles limitées du personnel hospitalier, dues aux faibles contacts avec l’étranger. Les hôpitaux en province connaissent par ailleurs régulièrement des difficultés d’approvisionnement en eau, électricité et chauffage.
Les autorités de Pyongyang sont conscientes des risques de contamination et au moindre signe d’une épidémie, elles ferment les frontières. Ce fut le cas pendant quatre mois en 2014 avec Ebola et auparavant avec le SRAS en 2003. Mais isoler le pays est difficile sans entraîner de graves conséquences économiques. Déjà recluse, la RPDC n’a qu’une ouverture sur le monde : la Chine. La frontière entre les deux pays, qui court sur 1 400 km, est poreuse en raison d’une intense contrebande. La Chine est la principale source d’approvisionnement de la RPDC et son premier partenaire commercial (90 % des échanges extérieurs).
Fermeture de la frontière
La RPDC a fermé sa frontière dès que les premiers cas de coronavirus sont apparus en Chine et la télévision ainsi que l’organe du Parti du travail ont donné d’amples détails sur les symptômes. Depuis le 22 janvier, l’entrée des touristes chinois, qui constituent une source importante de devises, a été suspendue. Air Koryo, la compagnie nationale nord-coréenne, et Air China ont suspendu leurs vols entre les deux pays.