Nassiriya, dernier bastion de la révolte irakienne

  • 2020-02-15 13:23:04
Dans le Sud chiite, la mobilisation contre le pouvoir de Bagdad continue, alors qu’elle s’affaiblit ailleurs. Le mouvement de désobéissance civile, qui a fermé établissements d’enseignement et administrations, reste notamment suivi. Dans une tente aménagée en bibliothèque sur l’avenue qui mène à la statue du poète Mohammed Saïd Al-Habboubi, dans le centre-ville de Nassiriya, dans le sud de l’Irak, des hommes assis en cercle écoutent, religieusement, un quadragénaire exposer ses idées. « Nassiriya appartient désormais à l’ensemble de l’Irak. Nombreux la voit comme la place forte de la contestation. Cela nous rend fiers et nous donne une responsabilité. Nous sommes fatigués, mais nous ne pouvons le montrer et nous devons dépasser cette crise en relançant la mobilisation », appelle l’activiste, aussitôt entraîné dans un débat animé par son auditoire. Quatre mois et demi après le début des manifestations antipouvoir à Bagdad et dans le Sud chiite, et alors que les partis chiites au pouvoir font bloc pour étouffer le mouvement et former un gouvernement autour de Mohammed Taoufiq Allaoui, ce bastion contestataire résiste. Le sit-in n’a rien perdu de son animation. Le mouvement de désobéissance civile, qui a fermé établissements d’enseignement et administrations, reste suivi. Des abris en brique, ornés de fresques colorées honorant les 170 « martyrs » de la ville, ont été érigés à la place des tentes incendiées lors de la dernière attaque contre le sit-in, le 24 janvier. De jeunes ouvriers désœuvrés qui campent sur la place Habboubi se mélangent aux étudiants et étudiantes, présents quasi quotidiennement. Des hommes de tribu en tenue traditionnelle conversent avec des employés en costume et des notables de la ville autour d’un thé. « Les manifestants ne renonceront pas à cause du sang des martyrs, de la colère, des erreurs politiques répétées, du rejet du confessionnalisme et du fort sentiment patriotique. La société de Nassiriya est unie derrière ces objectifs », assure Nasser, un activiste de 30 ans, qui réclame des élections anticipées pour se débarrasser d’une classe politique qu’il juge corrompue et incompétente.

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