L’odyssée balkanique des migrants

  • 2020-04-03 13:27:41
Cinq ans après la vague migratoire de 2015, l’Union européenne s’est muée en forteresse. La seule route possible pour les réfugiés passe désormais par la Bosnie-Herzégovine, vers la Croatie. Une traversée périlleuse, dans des conditions souvent inhumaines. Ses camarades allument le feu pour faire cuire le dîner et lavent les cuisses du poulet surgelé acheté à l’épicerie du coin. Arman lance des bouts de peau et de gras de volaille à un chien errant. « Il est sympa, ce chien… Je l’ai appelé Charly. » Le froid est mordant en cette soirée de mars, peu avant que la crise liée au coronavirus n’atteigne les Balkans. Pour la seconde fois de sa vie, Arman emprunte la route de l’Europe. Il a quitté son village de la province de Baghlan, dans le nord de l’Afghanistan, il y a un an. Là-bas, la vie est « impossible ». Là-bas, il n’y a « ni travail ni avenir ». Le village est en outre situé dans un territoire sous contrôle des rebelles talibans, même si le jeune homme considère avec gravité que « les vrais talibans, ceux d’Allah, sont morts depuis longtemps… Aujourd’hui ce sont des “money-talibans” [« des talibans pour l’argent »], entretenus par l’occupation américaine et payés par le Pakistan ».

متعلقات