Coronavirus : en Belgique, la colère noire du monde médical

  • 2020-04-08 16:45:28
L’annonce de la destruction de six millions de masques pourtant promis aux médecins a provoqué un émoi national. C’est une fameuse colère, et elle s’exprime par la voix du docteur Philippe Devos, qui dirige une unité de soins intensifs à Liège. Ce professionnel, président de l’Association belge des syndicats médicaux (Absym), affirme au Monde que « les hôpitaux n’ont jamais pu vraiment compter sur l’Etat » et que la crise actuelle démontre le manque de prévoyance d’un pays qui compte, pourtant, entre Etat fédéral, régions et Communautés, six ministres en charge de la santé. « Nous continuons à manquer de tout : tabliers, respirateurs, masques chirurgicaux et masques de protection FFP2 », déclare ce médecin, qui a été lui-même contaminé par le coronavirus. Aujourd’hui, alors qu’un communiqué officiel transmis récemment à la presse affirmait l’inverse, c’est une pénurie de médicaments qui se fait jour : « On nous demande d’envoyer un courriel deux jours avant l’épuisement de nos stocks et, au bout de cinq jours seulement, on nous annonce qu’un camion de livraison est en route… Nous devons donc suspendre des traitements, les modifier, où écraser des cachets, comme au temps où les perfusions n’existaient pas ! ». Un cri d’alarme, parmi beaucoup d’autres, qui contraste avec les propos apaisants de la ministre de la santé, la libérale flamande Maggie De Block. Elle est accusée d’avoir minimisé les risques et d’envoyer des messages rassurants alors que la pénurie − notamment de masques − est devenue une véritable saga. « Cacophonie officielle » L’épisode le plus marquant a été l’annonce de la destruction de 6 millions de masques pourtant promis aux médecins. Cette « réserve stratégique » avait, en réalité, été détruite en 2017 ou 2018 : les masques étaient périmés, leurs élastiques en tout cas. La ministre De Block avait décidé de ne pas les remplacer, afin de « ne pas gaspiller l’argent des contribuables ».

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