A Pâques, les cathédrales aussi ressuscitent

  • 2020-04-12 14:14:53
France 2 propose un documentaire sur les édifices de Reims, Rouen et Nantes, qui, comme Notre-Dame de Paris, ont été en grande partie détruits. Confinement oblige, l’interdiction des messes fait exploser l’audience du Jour du Seigneur, plus ancienne émission du PAF. Mobilisée pour Pâques, celle-ci se composera dimanche de trois parties. Tout d’abord, la retransmission à 11 heures de la messe qui sera célébrée dans les locaux parisiens du CFRT (la maison de production Comité français de radio-télévision), par Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France. Puis France 2 retransmettra à midi la bénédiction urbi et orbi du pape François, exceptionnellement seul sur la majestueuse place Saint-Pierre de Rome. L’émission se conclura par un documentaire consacré aux cathédrales « ressuscitées ». Une catastrophe après l’autre. Le 15 avril, cela fera un an que le pays tout entier s’est retrouvé épouvanté devant les images des flammes ravageant Notre-Dame de Paris pendant près de quinze heures. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une cathédrale est détruite par un incendie ou des bombes. Le réalisateur, Julien Leloup, évoque ainsi le sort de trois d’entre elles : celle de Reims a reçu 300 obus lors de la première guerre mondiale ; celle de Rouen a été percée de sept torpilles et incendiée pendant la seconde guerre mondiale ; la toiture de celle de Nantes s’est embrasée en 1972. « Les gargouilles recrachent du plomb » Pourtant, qui passerait aujourd’hui devant l’une de ces trois cathédrales pourrait croire qu’il ne s’est jamais rien passé. Ainsi la cathédrale de Reims, où trente et un rois de France depuis Clovis ont été sacrés, n’est plus qu’une ruine le 19 septembre 1914, la ville étant elle-même détruite à 80 %. Les images d’archives sont impressionnantes. « Les gargouilles recrachent du plomb fondu », commente Virginie Thévenin, conservatrice architecte des Bâtiments de France. Le spectacle de cette ville martyre va profondément marquer l’écrivain Albert Londres et le milliardaire John D. Rockefeller Jr. (1874-1960), grâce à qui la restauration pourra être lancée. En 1944, c’est Notre-Dame de Rouen qui est frappée, successivement, par les bombes allemandes puis les bombes alliées. La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes s’embrase, elle, le 28 janvier 1972 après qu’un chalumeau, en tombant, eut enflammé la poussière de bois en suspension. L’historien Mathieu Lours, spécialiste des cathédrales, et la théologienne Marie-Hélène Grintchenko commentent les impressionnants documents d’archives, racontent les anecdotes qui ont émaillé les travaux, et soulignent les spécificités de chacun des édifices : la charpente en ciment armé et les vitraux de Chagall pour Reims ; la flèche et les murs sculptés pour Rouen ; la forêt de poutrelles en béton à Nantes. Que la restauration mette dix-neuf ans, comme à Reims, ou trois à Nantes, chaque histoire est une belle leçon d’espoir.

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