Coronavirus : « Préparons une sortie de crise par le haut en inventant un système de soins plus intelligent »
2020-04-18 14:34:23
Comme ce fut le cas avec le sida, le Covid-19 va nous faire accomplir des progrès en infectiologie, mais c’est d’abord dans l’organisation des soins que nous apprenons le plus aujourd’hui, constatent, dans une tribune au « Monde », les chirurgiens Diane Goéré et Eric Vibert.
Tribune. L’épidémie de Covid-19 est associée à un risque individuel faible de mortalité mais à un risque collectif majeur. Avec l’extension de l’épidémie, les individus comprennent qu’ils font partie du collectif, car chacun craint pour sa santé ou celle de ses proches. Devant cet état de fait, l’ensemble des acteurs du système de santé fonctionnent dans un seul objectif : limiter le nombre de morts en augmentant les capacités de prise en charge en réanimation.
De la clinique au centre hospitalier universitaire (CHU), face à l’affluence des patients infectés, des salles de réveils et des blocs opératoires ont été transformés en unités de réanimation. Les services de chirurgie ont diminué drastiquement leur activité afin d’augmenter l’offre de soins locale destinée aux patients infectés et afin de protéger les patients en leur évitant une hospitalisation et une intervention chirurgicale durant cette période à risque.
Aujourd’hui, le Covid-19 pose un problème diagnostique et thérapeutique. La sensibilité du test PCR est de 70 % et les méthodes sérologiques pour affirmer une immunité contre le virus ne sont pas encore largement disponibles. Même quand le diagnostic est confirmé chez un malade symptomatique, nous avons peu de critères prédictifs précoces pour prédire l’évolution vers une guérison ou vers une aggravation foudroyante.
L’importance de l’organisationNous ne connaissons pas bien l’histoire naturelle du Covid-19 jusqu’à ce que le malade entre en réanimation pour un syndrome de détresse respiratoire aiguë, une situation que nous connaissons beaucoup mieux et qui est associée au minimum à 40 % de mortalité. Comme avec le sida, cette maladie va nous faire faire des progrès importants en infectiologie, mais c’est probablement sur le plan organisationnel que nous apprenons le plus aujourd’hui.
L’organisation des soins, c’est désormais le seul paramètre sur lequel on peut agir, en commençant par le confinement, qui est précisément une mesure d’organisation. Aujourd’hui, il faut traiter les patients atteints du Covid-19 « au bon endroit », en fonction de leur état clinique et de l’offre de soins locale.