Au Brésil, un juge ordonne une enquête sur les accusations de Sergio Moro contre Jair Bolsonaro
2020-04-28 17:29:23
Le juge donne soixante jours à la police fédérale pour interroger l’ancien ministre de la justice, champion de la lutte anticorruption, qui avait démissionné vendredi.
Un juge du Tribunal suprême fédéral du Brésil a ordonné, lundi 27 avril, l’ouverture d’une enquête à propos des accusations d’« ingérence » dans des affaires judiciaires visant le président Jair Bolsonaro, formulées par son ancien ministre de la justice, Sergio Moro. Une telle enquête pourrait ouvrir la voie soit à une procédure de destitution contre M. Bolsonaro, soit à des poursuites pour dénonciation de délit imaginaire contre M. Moro.
Dans sa décision obtenue par l’Agence France-Presse, le juge Celso de Mello donne soixante jours à la police fédérale pour interroger M. Moro, champion de la lutte anticorruption, qui avait démissionné vendredi. M. Moro, ministre populaire auprès d’une opinion publique écœurée par la corruption du pouvoir politique, avait claqué la porte après le limogeage d’un de ses hommes de confiance, le chef de la police fédérale Mauricio Valeixo.
Sept infractions
Selon le juge de Mello, les infractions reprochées au président semblent avoir « un lien étroit avec l’exercice des fonctions présidentielles », ce qui exclut qu’il fasse valoir une immunité. La décision du Tribunal suprême fédéral énumère sept infractions que pourrait avoir commises M. Bolsonaro, parmi lesquelles la prévarication et l’obstruction à la justice.
Après sa démission, M. Moro avait montré à la télévision un échange, sur la messagerie WhatsApp, où le chef de l’Etat semblait exercer sur lui des pressions pour changer de chef de la police fédérale. Des médias brésiliens ont rapporté que l’ancien juge avait conservé des captures d’écran de messages qui pourraient incriminer le chef de l’Etat.
Si le parquet devait trouver des éléments accusant M. Bolsonaro, il incomberait à la Chambre des députés d’autoriser le Tribunal suprême fédéral à ouvrir une enquête formelle. Et si cette enquête formelle devait confirmer les soupçons, le Congrès devrait se prononcer sur l’ouverture d’une procédure de destitution.
M. Bolsonaro traverse une passe difficile : l’épidémie due au coronavirus a fait ralentir l’économie et instauré des tensions avec les autorités d’Etats fédérés soucieux de protéger leur population, tandis que lui minimise l’épidémie.