Coronavirus : les Britanniques ont changé leur méthode de comptage
2020-05-02 16:56:13
Le gouvernement de Boris Johnson a inclus les décès survenus dans les maisons de retraite et les « communautés », pour un bilan bien plus proche de la réalité. Il doit désormais affronter les critiques de l’opposition travailliste et des médias.
La polémique a commencé à enfler à la mi-avril : pourquoi le gouvernement britannique de Boris Johnson s’entêtait-il à superposer des courbes impossibles à comparer ? A rendre publique tous les soirs, lors de la conférence quotidienne de Downing Street, la comptabilité des morts en Europe, avec un bilan français tenant compte des décès en maisons de retraite, bien supérieur au britannique, qui lui, en restait aux morts testés positifs au Covid-19 dans les hôpitaux ?
Deux semaines plus tard, Downing Street a fini par modifier sa méthodologie, en ajoutant les décès survenus dans les maisons de retraite et les « communautés » (personnes mortes chez elles), pour un bilan bien plus proche de la triste réalité. Le nombre des victimes de la pandémie au Royaume-Uni est ainsi passé brusquement à 26 097 le 29 avril, après l’ajout de 3 811 disparitions cumulées depuis le 2 mars (personnes décédées hors des hôpitaux, mais testées positives au Covid-19).
Désormais, le gouvernement doit parer les accusations de l’opposition travailliste et des médias, qui évoquent un des plus lourds bilans du Vieux Continent. Du Times au Guardian, en passant par le très droitier Telegraph, tous blâment son impréparation face à la pandémie et la mise tardive du pays en confinement (le 23 mars).
Chris Whitty, le conseiller médical en chef du gouvernement, s’est défendu, à l’occasion de la conférence de presse du jeudi 30 avril : « Nous devrons tirer des leçons de la pandémie, c’est certain, mais nous ne sommes qu’au milieu de la première phase. Le chemin à parcourir [pour en sortir] est encore long [...] Ne commençons pas à désigner qui a gagné et qui a perdu, il est trop tôt pour les comparaisons internationales.»
Le pays « a évité une épidémie catastrophique », car, « à aucun moment, le NHS [le système de santé britannique] n’a été débordé », a estimé pour sa part Boris Johnson, qui participait pour la première fois depuis un mois au même exercice médiatique, après être tombé très gravement malade en raison du coronavirus. « Aucun malade n’a été privé de soins », a ajouté le premier ministre, « alors que le scénario du pire prévoyait 500 000 morts.»
Manque cruel d’équipements de protection
Les réticences comptables du gouvernement avaient-elles pour but d’éviter ces critiques ? Ce n’est pas si simple : il était d’abord confronté à une difficulté purement statistique. Depuis le 5 mars, le ministère britannique de la santé publie quotidiennement les morts du coronavirus intervenues à l’hôpital au cours des dernières vingt-quatre heures.