Coronavirus : la Suède est-elle un modèle à suivre ?
2020-05-27 16:25:59
Le royaume scandinave est souvent pris en exemple pour sa gestion, qui aurait consisté à ne pas imposer de confinement. La réalité est plus nuancée, et son bilan épidémiologique – encore provisoire – contrasté.
Bon élève à imiter, ou contre-modèle à fuir ? Le royaume scandinave est l’un des rares pays occidentaux à ne pas avoir confiné sa population de 10 millions d’habitants. Alors que la levée des mesures restrictives s’amorce ou se prépare dans la plupart des pays touchés, beaucoup y cherchent une sorte de recette miraculeuse pour sortir de la paralysie sans risquer de faire repartir l’épidémie. Quitte à nourrir une vision très sélective du « modèle suédois ».
1. La Suède a-t-elle vraiment fait différemment du reste du monde ?
Pas de stratégie d’immunité collective
Le 13 mars, le premier ministre, Stefan Löfven, fixe deux priorités : préserver les capacités d’accueil des services hospitaliers et protéger les personnes les plus fragiles. Mais, contrairement à une idée répandue, l’objectif de la Suède n’a jamais été de miser sur l’immunité collective – un concept scientifique qui postule que le virus peut être endigué si 50 % à 60 % de la population a déjà été contaminée. Stefan Löfven l’a encore rappelé le 15 mai : « L’immunité collective est un état que l’on peut atteindre, un statut, pas une stratégie. »
Le malentendu s’explique en partie par des propos de l’épidémiologiste en chef du pays, le docteur Anders Tegnell. Mi-mars, il a semé le trouble en soutenant l’approche britannique, qui visait alors l’immunité de groupe, avant que le gouvernement de Boris Johnson ne fasse marche arrière. Depuis, le docteur Tegnell prône plutôt une stratégie de contrôle : « C’est comme un feu de forêt, qu’on parvient à faire brûler doucement et de façon contrôlée jusqu’à ce qu’il s’éteigne. »
Moins de restrictions
Ce qui est indéniable, c’est que le gouvernement suédois a imposé relativement peu de restrictions. Il n’y a pas eu, par exemple, de confinement généralisé de la population, ni de fermetures nationales des établissements scolaires. Anders Tegnell a argué qu’aucune étude scientifique ne prouvait que les enfants étaient de réels vecteurs de transmission du virus.