A Hongkong, les jeunes entre désespoir et résistance
2020-05-29 19:14:18
Les protestataires cherchent comment répondre à la loi de sécurité nationale imposée par Pékin.
Faut-il continuer de se battre ? Sous le choc et tétanisés par le feu vert donné, jeudi 28 mai, par le Parlement chinois à l’imposition d’une loi de sécurité nationale à Hongkong qui leur fait redouter la mise en place d’un Etat policier, les jeunes Hongkongais se préparent à un régime de terreur et hésitent sur la suite à donner à leur mobilisation. Faut-il continuer de manifester quand le rapport de force est tellement défavorable ? Le parapluie contre le canon à eau irritante, la planche de natation contre les projectiles, ou la raquette de badminton pour renvoyer à la police ses grenades lacrymogènes…
Un sondage mené par l’organisation des manifestants entre le 23 et le 25 mai, auquel 370 000 personnes ont répondu, indique, sans surprise, que les émotions ressenties sont la colère (79 %), la vexation (74 %), la rancœur (68 %), la peur (62 %) et le pessimisme (60 %). Pas moins de 93 % estiment que le texte préfigure la mise en place « d’une police secrète qui agira sans contrôle et utilisera des moyens extrêmes et extrajudiciaires pour persécuter les dissidents, les extrader vers la Chine, arrêter et punir en dehors de tout contrôle légal ». Par ailleurs, 92 % pensent que le système éducatif va subir un aggiornamento majeur pour que les jeunes se mettent enfin à « penser » comme des Chinois. Et 90 % pensent que l’Internet deviendra un terrain dangereux, où il sera risqué d’exprimer son point de vue. Pourtant, 49 % des sondés ont indiqué leur intention de continuer à résister. Enfin, 80 % adhèrent à l’idée de se sacrifier contre le régime, autrement dit « brûler tous ensemble », l’un des mots d’ordre qui montent au sein du mouvement ; 64 % jugent que l’indépendance devrait être le « but ultime ».