Donald Trump mise sur la division face à un printemps de crises
2020-06-03 19:41:01
Confronté à l’enchaînement d’une crise sanitaire mondiale, à une envolée du chômage et à la résurgence des démons raciaux de l’Amérique, le républicain, à cinq mois de la présidentielle, se refuse à endosser les habits du chef d’Etat rassembleur.
Alors que les manifestations suscitées par la mort de George Floyd aux mains de la police de Minneapolis (Minnesota) se sont poursuivies aux Etats-Unis, mardi 2 juin, Donald Trump a occupé sa journée en signant dans la matinée un décret présidentiel réaffirmant le principe de la liberté religieuse en politique étrangère. Puis, il s’est rendu en compagnie de la First Lady au sanctuaire dédié au pape Jean Paul II dans la capitale fédérale. Ce décalage n’est pas nouveau. Il constitue même le marqueur d’un printemps de crises auquel Donald Trump est confronté, à cinq mois de la présidentielle.
Le tumulte des trois premières années de sa présidence, caractérisées notamment par une mise en accusation pour abus de pouvoir et obstruction au Congrès, a longtemps masqué l’essentiel. Elu de justesse en 2016, l’ancien homme d’affaires avait hérité d’une économie en bonne santé, contrairement à son prédécesseur Barack Obama qui avait accédé à la Maison Blanche en pleine crise des subprimes. Relativement épargné par les soubresauts de la géopolitique, il avait également bénéficié du travail de sape de la coalition internationale mise sur pied pour venir à bout de l’organisation Etat islamique, alors l’une des priorités de Washington.
A la fin du mois de février, le président des Etats-Unis se préparait donc à faire campagne sur un bilan flatteur : un taux de chômage parvenu à un étiage historique, la bonne santé de Wall Street, un accord commercial partiel avec la Chine, et l’élimination d’Abou Bakr Al-Baghdadi. Au terme d’un tour d’horizon, le New York Times, qui ne compte pourtant pas parmi les thuriféraires du président, s’était montré formel. « En termes cycliques, l’économie est plus forte qu’elle n’a jamais été en année électorale (ou n’importe quelle année) depuis 2000 », avait estimé le quotidien.
La véritable mise à l’épreuve a tardé, mais elle s’est brutalement matérialisée par l’enchaînement d’une crise sanitaire mondiale, d’une envolée du chômage sans guère de précédents, consécutive à la mise à l’arrêt du pays pour juguler la progression du Covid-19, et enfin de la résurgence des démons raciaux de l’Amérique. Chacun de ces épisodes a charrié et charrie encore son lot d’images cruelles pour les Etats-Unis, évidemment exploitées par leurs adversaires chinois ou iranien.
Elles dépeignent à ce jour un « carnage américain », pour reprendre l’expression que Donald Trump avait utilisée lorsqu’il avait prêté serment le 20 janvier 2017 pour qualifier la situation que lui avait léguée selon lui son prédécesseur démocrate. « Ce carnage américain s’arrête ici, et il s’arrête maintenant », avait-il assuré sous les yeux de Barack Obama, impassible.