En interrompant les communications avec Séoul, Pyongyang rappelle l’impasse des pourparlers
2020-06-10 18:40:44
A en croire l’édition du 10 juin du quotidien nord-coréen « Rodong Sinmun », « tout le pays est embrasé par la fureur » à cause des expéditions, au départ du Sud, de ballons porteurs de messages critiques du régime.
Usant d’une rhétorique à l’agressivité croissante, la Corée du Nord a rappelé, mardi 9 juin, l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers sur son programme nucléaire et de développement de missiles. Ce jour-là, Pyongyang a en effet annoncé l’interruption de la totalité des communications avec Séoul, notamment celles, directes, entre le bureau du comité central du Parti du travail et la présidence du Sud.
A l’origine de sa colère, des expéditions, au départ de la Corée du Sud, de ballons porteurs de messages critiques du régime. A en croire l’édition du 10 juin du quotidien nord-coréen Rodong Sinmun, « tout le pays est embrasé par la fureur ».
D’après une dépêche de l’agence KCNA, les expéditeurs de ballons − pour la plupart des transfuges du Nord − ne sont que de la « racaille répugnante », et les expéditions « des actes hostiles » menés « en profitant de la position irresponsable des autorités sud-coréennes ». Peu de temps après l’annonce, la Corée du Nord a refusé de répondre à l’appel quotidien passé sur le réseau militaire entre les deux pays.
Toujours selon KCNA, la décision a été prise lundi 8 juin, lors d’une réunion des responsables des relations avec le Sud, notamment par Kim Yo-jong, l’influente sœur du dirigeant Kim Jong-un, et Kim Yong-chol, vice-président du comité central et responsable des projets intercoréens. Selon eux, précise KCNA, « les actions envers le Sud doivent désormais être considérées comme des actions contre l’ennemi ». « Nous sommes parvenus à la conclusion qu’il n’est pas nécessaire de s’asseoir avec les autorités sud-coréennes, et qu’il n’y a plus de sujets à discuter avec elles », ajoutent-ils.
La timide réaction sud-coréenne traduit un certain embarras. Le ministère de l’unification a simplement déclaré que le gouvernement continuera « à faire des efforts pour la paix et la prospérité dans la péninsule coréenne ». Même l’intervention du département d’Etat américain, rappelant que « les Etats-Unis ont toujours soutenu les progrès dans les relations intercoréennes », ne semble pouvoir amadouer Pyongyang.
Sept interruptions des communications depuis 1976L’interruption des communications intercoréennes a déjà été décidée par Pyongyang dans le passé. La première ligne directe avec Séoul a été établie en 1972, à la suite d’une visite au Nord du chef des services secrets du Sud. Depuis, son fonctionnement dépend de l’état des relations. Il y a eu sept interruptions depuis 1976.