Paris dénonce des manœuvres « extrêmement agressives » de la Turquie contre un bateau militaire français en Méditérranée
2020-06-17 16:36:30
Alors qu’il cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye, le bâtiment français a fait l’objet de trois « illuminations radar » de la part d’un navire turc, pourtant allié de l’OTAN.
Un navire français participant à une mission de l’OTAN en Méditerranée a récemment fait l’objet d’une manœuvre « extrêmement agressive » de la part de frégates turques, a révélé, mercredi 17 juin, le ministère des armées français, dénonçant une affaire « très grave » impliquant un partenaire de l’Alliance atlantique.
Alors qu’il cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye, le bâtiment a fait l’objet de trois « illuminations radar » de la part d’un navire turc, « un acte extrêmement agressif qui ne peut pas être l’acte d’un allié vis-à-vis d’un navire de l’OTAN », commente-t-on au ministère des armées. Mercredi doit se tenir une réunion des ministres de la défense de l’Alliance.
« Cette affaire est, à nos yeux, très grave. On ne peut pas accepter qu’un allié se comporte comme cela, fasse cela contre un navire de l’OTAN sous commandement OTAN menant une mission OTAN », a fait valoir Paris, en prévenant que la ministre des armées, Florence Parly, allait « mettre les points sur les i », lors de cette réunion, sur « l’attitude turque dans le conflit libyen ».
Opposition sur le conflit libyen
« Ces norias de bateaux entre la Turquie et Misrata, parfois accompagnées par des frégates turques, ne contribuent pas à la désescalade », a souligné le ministère, dénonçant, par ailleurs, le fait que les bâtiments turcs « utilisent des indicatifs OTAN » pour s’identifier lors de ses missions d’escorte.
En Libye, la Turquie soutient militairement le Gouvernement d’union libyen (GNA) de Fayez Al-Sarraj, reconnu par les Nations unies, face aux forces dissidentes du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est soutenu notamment par la Russie, l’Egypte et les Emirats arabes unis.
Dans ce contexte de tensions, le ton n’a cessé de monter entre Paris et Ankara ces derniers jours. Lundi, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a condamné « le soutien militaire croissant » de la Turquie au GNA en « violation directe de l’embargo des Nations unies ». La veille, la présidence française avait déjà dénoncé l’interventionnisme « inacceptable » d’Ankara.
La Turquie a rejeté ces critiques sur son soutien armé au gouvernement de Tripoli en Libye, accusant, à son tour, Paris de faire « obstacle à la paix » en appuyant le camp adverse. La France, bien qu’elle s’en défende publiquement, est également accusée de soutenir Haftar, qui a récemment subi de lourdes défaites sur le terrain.
La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011. Depuis avril 2019, le conflit a fait des centaines de morts, dont de nombreux civils, et poussé plus de 200 000 personnes à fuir leur domicile.