Brésil : « Pendant la crise sanitaire, Jair Bolsonaro poursuit sa lutte face aux contre-pouvoirs »
2020-06-27 16:07:17
Outrancier, antiscientifique minimisant la pandémie, appliqué à neutraliser les oppositions, le « bolsonarisme » se rapproche des autres régimes populistes ou « illibéraux » mais conserve des spécificités, estime, dans une tribune au « Monde », la politiste Mélanie Albaret.
Au Brésil, la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 attire l’attention sur la gestion de son président, Jair Bolsonaro. Il est, en effet, connu pour sa minimisation de l’épidémie, son refus des mesures de confinement et de distanciation physique, son soutien à l’utilisation de la chloroquine, la multiplication de ses propos outranciers et la priorité qu’il donne à l’économie plutôt qu’à la santé.
Pourtant, dans ses pratiques politiques, il mobilise des ressorts caractéristiques d’une grande partie des leaders populistes ou « illibéraux » au pouvoir dans le monde. Ces mécanismes s’inscrivent en outre dans la continuité de logiques déjà présentes au Brésil avant la crise sanitaire qui ont conduit à la militarisation du pouvoir et à des glissements successifs vers un régime autoritaire et répressif. Contrairement à ce que suggère le terme « bolsonarisme », il importe de ne pas penser la situation brésilienne uniquement à l’aune de sa singularité.
Les dynamiques politiques brésiliennes doivent être replacées dans une configuration historique qui a vu se multiplier, dans toutes les parties du monde, l’arrivée au pouvoir de leaders populistes ou « illibéraux ». Dès lors, il devient possible de s’interroger sur des problématiques plus larges : celles de la fragilisation des régimes démocratiques, du discrédit des corps intermédiaires et des classes politiques dites « traditionnelles », du développement de réseaux ultraconservateurs ou encore de la contestation du multilatéralisme à l’international.