En Ukraine, inquiétudes sur les risques d’une dérive de la justice
2020-07-02 19:10:06
L’ex-président Petro Porochenko comparaît devant les juges, mais son successeur, Volodymyr Zelensky, est accusé de « règlement de comptes politique ».
Debout, les mains gantées de noir pour cause de Covid-19, il s’est adressé au juge avec l’autorité d’un chef outragé et l’assurance d’un homme qui croit encore à son destin. Mercredi 1er juillet, Petro Porochenko comparaissait à Kiev pour l’une des vingtaines d’affaires le concernant. Dénonçant la « revanche insignifiante de gens insignifiants qui n’aiment pas l’Ukraine » – allusion à l’actuel chef d’Etat, Volodymyr Zelensky, qui l’a battu en 2019, et à ses équipes –, l’homme avait fait de son audience un meeting politique. « Nous sommes ici (…) unis pour renverser le scénario criminel écrit par le Kremlin ! », a-t-il lancé devant une foule amassée au sortir du tribunal, qui a décidé de reporter au 8 juillet la décision qui pourrait interdire à l’ancien chef d’Etat (2014-2019) de sortir du territoire.
Oligarque à la tête d’une fortune estimée par le magazine Forbes à quelque 1,4 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros), Petro Porochenko, désormais député, est la principale figure d’opposition en Ukraine. Il est aussi un homme hautement impopulaire mêlé à diverses affaires troubles. Mais les griefs qui lui sont reprochés aujourd’hui concernent des dossiers, jugés faibles ou absurdes, y compris par les ONG anticorruption. Petro Porochenko est ainsi mis en cause pour avoir nui aux intérêts du pays lors de la signature des accords de Minsk, en 2015, afin d’obtenir un cessez-le-feu dans le Donbass…
Le trouble est tel que divers observateurs internationaux se sont émus de ce qui pourrait ressembler à une « vendetta politique ». « Le système judiciaire ne peut pas être utilisé pour des règlements de compte politiques », rappelait le 18 juin l’ambassade des Etats-Unis sur Facebook, tandis que, sur Twitter, Donald Tusk, le président du Parti populaire européen, exprimait sa « grande préoccupation » liée aux charges contre M. Porochenko.