Avec la multiplication des plans de relance fleurissent les risques de corruption

  • 2020-07-27 13:20:27
La Banque mondiale et certaines ONG appellent à la vigilance et à la transparence lors des appels d’offres et pour l’affectation des fonds. Le déblocage en urgence de fonds massifs pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise due au coronavirus s’accompagne d’une inquiétude : et si la corruption s’aggravait à la faveur des ces distributions d’argent… Aucun pays n’échappe à cette préoccupation. Au Zimbabwe, le ministre de la santé Obadiah Moyo a démissionné en juin. Il est accusé d’avoir favorisé une société intermédiaire implantée en Hongrie dans un contrat public passé pour l’achat de matériel médical et de tests de dépistage du Covid-19. Au Brésil, la justice enquête sur plusieurs responsables politiques, dont des gouverneurs d’Etats, pour avoir détourné des fonds destinés à acheter des équipements médicaux comme des respirateurs artificiels. En Italie, le coordinateur de la lutte contre l’épidémie de coronavirus en Sicile a été arrêté pour corruption présumée. Parfois, ce ne sont pas des détournements de fonds, mais de simples fraudes, comme au Bangladesh où une clinique vendait des fausses attestations de dépistage du Covid-19 pour les migrants avant qu’ils repartent travailler à l’étranger. Des occasions nombreuses « Dans l’industrie de la santé, les risques de corruption sont particulièrement élevés à cause du rôle joué par les pouvoirs publics », expliquent Sam Eastwood et Paul Whitfield-Jones, avocats spécialisés dans la mise en conformité des entreprises aux réglementations anticorruption, au cabinet anglo-saxon Mayer Brown. Selon l’ONG Transparency International, 500 milliards de dollars (431,8 milliards d’euros) seraient détournés chaque année du secteur de la santé. Un montant sans doute bien plus élevé en 2020 avec la hausse des dépenses engagées depuis le début de la pandémie de Covid-19. Entre l’achat de matériel médical par les autorités sanitaires et leur dédouanement, les occasions de corruption sont nombreuses. « Plusieurs intermédiaires sont apparus au cours de cette crise pour faciliter l’approvisionnement, explique Nadège Buquet, déléguée générale de l’ONG Transparency International en France, ce qui augmente les risques de détournement de fonds. » A cela s’ajoute un assouplissement des contrôles et des réglementations en matière d’achats publics. Le secteur de la santé n’est pas le seul concerné. En mai, des sénateurs du groupe La République en marche ont rédigé un amendement relevant de 40 000 à 100 000 euros le seuil d’un appel d’offres passé par l’Etat pour accélérer la relance de l’activité. La proposition – qui ne relève pas de la compétence du Parlement – a finalement été retirée.  

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