Covid : les entreprises du CAC 40 avancent à deux vitesses

  • 2020-10-20 14:05:54
  Au premier semestre, le chiffre d’affaires cumulé des quarante plus grands groupes français cotés a plongé de 19 %, selon une étude EY. Rarement comptes du troisième trimestre seront aussi scrutés. Ces chiffres que les entreprises s’apprêtent à égrener vont permettre d’évaluer la santé financière des grands acteurs économiques, après le trou d’air rencontré au premier semestre. Un décrochage d’une violence inouïe. Selon une étude du cabinet EY, qui doit paraître mardi 20 octobre, le chiffre d’affaires cumulé des quarante vedettes de la cote tricolore a dégringolé de 19 % entre janvier et juin, pour atteindre 560 milliards d’euros, quand la baisse n’avait été que de 9,8 % en 2009, au pire de la crise des subprimes. « Ce recul est d’autant plus frappant qu’il intervient après quatre ans de croissance de l’activité », souligne Nicolas Klapisz, associé d’EY et auteur de l’étude. Le résultat opérationnel, lui, plonge de 40 %. Le bénéfice net cumulé atteint un zéro pointé, à comparer aux 48 milliards d’euros dégagés au cours des six premiers mois de 2019. « Déformation » vers le luxe Derrière ce constat, se dessine toutefois l’image d’un CAC 40 à deux vitesses. D’un côté, les entreprises des secteurs industriels, l’énergie ou les services aux collectivités ont subi au premier semestre des reculs de 20 % à 30 % de leur chiffre d’affaires. Le plus touché, Airbus, a vu son activité s’effondrer de 39 %. De l’autre, les acteurs des technologies, médias et télécoms ou encore des biens de consommation ont limité l’érosion de leurs ventes à moins de 5 %, avec même une hausse de 15 % pour l’éditeur de logiciels Dassault Systèmes. Pour ce dernier, cette progression est largement liée à l’acquisition de l’américain Medidata, mais son chiffre d’affaires augmente tout de même de 5 % à périmètre constant. Pour la suite, la grande question est de savoir si cet écart va se resserrer ou, au contraire, s’élargir entre ceux qui s’en sortent et les autres. « Le Covid a bougé les curseurs. Ce qui relève du luxe, de la Chine et du numérique gagne. Tout le reste perd », pointe Pierre-Yves Gauthier, président du bureau d’études indépendant Alphavalue. « Le chiffre d’affaires réalisé en Chine par LVMH au troisième trimestre est ahurissant. Cela dépasse tout scénario de rebond », souligne-t-il. Entre juin et septembre, les ventes du géant de la maroquinerie et de la joaillerie ont augmenté de 13 % en Asie, hors Japon. Pour M. Gauthier, la reprise de la consommation par les chinois devrait accentuer encore la « déformation du CAC 40 », vers le secteur du luxe.

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