Au Royaume-Uni, où la pauvreté a explosé : « Je me dis que je suis différent de ces gens. Et pourtant, mon frigo est vide »

  • 2021-03-02 12:01:19
Le pays a été l’un des plus touchés au monde par la pandémie de Covid-19, économiquement mais aussi socialement. Les caisses sont prêtes, bien alignées, remplies de produits alimentaires pour tenir trois jours, mais que la plupart des bénéficiaires font durer bien plus longtemps : du lait, des fruits et légumes, des œufs, des boîtes de soupe… Sur chacune est posée une note personnalisée en fonction des besoins. Ici, une famille de trois enfants a besoin de couches-culottes, de lait pour nourrisson et de shampooing pour bébé. Là, un homme seul n’a pas d’ouvre-boîtes et ne possède ni casseroles, ni assiettes, ni couverts : il faut adapter les dons en fonction. Une troisième souhaiterait des serviettes hygiéniques et des produits pour le ménage. Depuis le début de la pandémie, la banque alimentaire de Brixton et West Norwood, dans le sud de Londres, croule sous les demandes. D’avril à novembre 2020, elle est venue en aide à 25 500 personnes, plus du double de l’année précédente. Et la tendance se confirme depuis. Dans cette banlieue résidentielle de la capitale britannique, la grande misère a fait un bond pendant les confinements. Selon le National Institute of Economic and Social Research (NIESR), un groupe de réflexion, l’extrême pauvreté (définie à 70 livres sterling, soit 80 euros, par semaine pour un adulte seul, après le coût du logement) a doublé au Royaume-Uni pendant la pandémie, et est passée de 0,7 % à 1,5 % de l’ensemble des foyers. « On a vu apparaître des gens qui n’auraient jamais cru qu’ils se retrouveraient un jour dans une banque alimentaire, explique Alison Inglis­-Jones, membre du conseil d’administration de la banque alimentaire. Des gens qui travaillaient dans l’événementiel, les commerces, les restaurants… »

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