L’évolution de la Chine inquiète les entreprises européennes
2021-09-23 16:31:58
Dans son rapport annuel, la Chambre de commerce européenne en Chine se montre préoccupée des conséquences du « repli sur soi » amorcé depuis mars, et du 14e plan quinquennal (2021-2025).
Attention, danger ! Telle est, abruptement résumée, la tonalité qui se dégage du rapport annuel que la Chambre de commerce européenne en Chine a publié le 23 septembre. Certes, l’économie chinoise va bien et devrait continuer de bien se porter dans les décennies à venir, reconnaît Jörg Wuttke, le tout-puissant président allemand de ce lobby patronal. A court terme, les perspectives de croissance et de profit pour les entreprises européennes sont donc globalement positives, mais le « repli sur soi » de la Chine, qui se dégage du 14e plan quinquennal (2021-2025), adopté en mars, « provoque des doutes considérables sur la future trajectoire de croissance du pays », selon M. Wuttke.
Si le nouveau mantra du gouvernement chinois − la « prospérité commune » − inquiète les riches Chinois qui se voient cloués au pilori et fortement incités à redistribuer une partie de leur fortune, il ne touche pas pour le moment les étrangers, et le secteur du luxe ne semble pas en subir les effets, sinon sur les marchés financiers. En revanche, ce qui inquiète les entreprises européennes, c’est « la circulation duale », ce concept abscons apparu en 2020 mais qui indique que la Chine entend être autosuffisante dans des secteurs jugés stratégiques et donc, par définition, moins dépendante de l’étranger. « Le découplage est un phénomène durable », déplore M. Wuttke.
Monter en gamme
Comparant la Chine à un avion, la Chambre de commerce européenne estime que seules une petite minorité d’entreprises étrangères se verront offrir une place en classe affaires : celles dont la technologie ou l’expertise permettent à la Chine de monter en gamme. La plupart des entreprises qui s’adressent aux consommateurs n’auront accès qu’à la seconde classe.
Elles continueront d’être admises à bord et traitées correctement parce qu’elles apportent des emplois, paient des impôts et répondent aux besoins de la classe moyenne mais sans plus.
Quant aux autres, tous ces industriels qui sont de plus en plus concurrencés par les Chinois ou qui travaillent dans un secteur jugé stratégique et donc réservé aux entreprises chinoises, ils seront, au mieux, admis dans la soute.
Si l’on en croit le recensement de la population effectué en 2020, le repli sur soi a déjà commencé. Non seulement, le nombre d’étrangers – 845 000 personnes, soit 0,06 % de la population totale – est extrêmement réduit mais il diminue. En dix ans, de 2010 à 2020, le nombre d’étrangers vivant à Shanghaï est passé d’environ 208 000 à 164 000, et ceux résidant à Pékin de 107 000 à moins de 63 000.