Le doublement du taux du Livret A au 1er février, de 0,50 % à 1 %, ne compensera pas l’inflation. La nouvelle rémunération du Livret d’épargne populaire (LEP) devrait, elle, s’en approcher.
A force de voir le taux du Livret A diminuer, ou stagner à des niveaux historiquement bas, on en avait presque oublié… qu’il pouvait aussi croître. Ce sera chose faite le 1er février, pour la première fois en dix ans et demi. Le nouveau taux s’élèvera à 1 %, contre 0,50 % depuis février 2020, a annoncé le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 14 janvier sur TF1.
Idem pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Ce doublement résulte de l’application de la formule de fixation du taux, qui prend en compte pour moitié l’inflation des six derniers mois, pour moitié les taux d’intérêt interbancaires à court terme. Application assortie finalement d’un petit coup de pouce du gouvernement – la formule stricte aurait en effet abouti à un taux légèrement inférieur, 0,8 %.
Ce geste a été proposé par le gouverneur de la Banque de France, suivi dans sa recommandation par Bercy. Pas de quoi, toutefois, compenser totalement l’inflation, estimée pour le mois de décembre 2021 par l’Insee à 2,8 % sur un an.
Une hausse de rémunération plus spectaculaire interviendra en revanche en février pour le méconnu Livret d’épargne populaire (LEP), que peuvent ouvrir les personnes ne dépassant pas un certain niveau de revenus et auquel environ la moitié des plus de 18 ans serait éligible. De 1 % à 2,2 %. Sans coup de pouce néanmoins ici : c’est l’application stricte de la formule, qui prévoit un taux au moins égal à l’inflation.
Près de 470 milliards d’euros d’encours
En creusant l’écart entre le taux du Livret A et celui du LEP, l’inflation actuelle braque les projecteurs sur le changement de logiciel de l’épargne réglementée, provoqué par la dernière réforme du calcul de ses taux de rémunération, actée en 2018 : le livret visant à protéger de l’inflation est désormais le LEP, réservé aux moins fortunés et plafonné à 7 700 euros, soit, pour beaucoup, un niveau approprié d’épargne de précaution, tandis que le Livret A et le LDDS, accessibles à tous et plafonnés à respectivement 22 950 euros et 12 000 euros, n’ont plus cette vocation.
Il est vrai qu’au fil des années, avec le gonflement de leur encours total (passé d’un peu moins de 265 milliards d’euros fin 2010 à près de 470 milliards fin novembre 2021), et la concentration de ces encours, Livret A et le LDDS ont de moins en moins rimé avec épargne « populaire », en tout cas au sens d’« épargne des moins fortunés ».
D’où des voix qui s’élèvent régulièrement pour réformer ces livrets et réduire les avantages fiscaux et sociaux que peuvent en tirer les plus aisés – une famille avec deux enfants peut ainsi épargner aujourd’hui sur ces livrets jusqu’à 115 800 euros sans impôt sur le revenu ni prélèvements sociaux sur ses gains.