L’économie allemande, moteur de la croissance en Europe, marque sensiblement le pas
2022-01-31 05:07:11
L’Allemagne a vu son activité se contracter de 0,7 % au quatrième trimestre 2021. Le ministre de l’économie et du climat, qui ne table plus que sur une croissance de 3,6 % en 2022, a annoncé vouloir relativiser le PIB dans la mesure de la prospérité du pays.
Le décalage est considérable. Quand la France a enregistré une croissance de 7 % en 2021, l’Allemagne, censé être le « moteur de la croissance » en Europe, affiche une reprise au ralenti : seulement 2,7 % sur l’année, notamment à cause d’un puissant coup de frein au quatrième trimestre.
Selon les données de Destatis, publiées vendredi 28 janvier, l’économie allemande a reculé de 0,7 % à l’automne 2021, affectée par les mesures adoptées pour lutter contre la quatrième vague de la pandémie de Covid-19, ainsi que par les pénuries dans l’industrie. Le gouvernement, qui tablait sur une croissance de 4,1 % en 2022, a ramené cette prévision à 3,6 %.
« Le recul est plus fort qu’anticipé, mais toutes les prévisions sont en ce moment très incertaines. Il y a encore du sable dans les rouages du commerce mondial », concède Simon Junker, économiste à l’institut économique de Berlin DIW. C’est le revers du moteur économique allemand : très dépendant des exportations, il est sensible aux perturbations des chaînes mondiales de sous-traitance.
Son industrie a été frappée de plein fouet par les problèmes d’approvisionnement en matières premières, métaux, papier, pièces électroniques intermédiaires, comme les semi-conducteurs, ainsi que par la hausse du prix de l’énergie. Ces goulets d’étranglement ont empêché les entreprises d’honorer leurs commandes.
« Les Allemands ont épargné 200 milliards d’euros »
A cela s’est ajouté l’effet des mesures anti-Covid, notamment dans la restauration et dans certains services et loisirs (sport, événementiel, culture…), qui ont payé un lourd tribut économique à la pandémie. La demande intérieure a été incapable de compenser les pertes de l’industrie, comme elle avait pu le faire dans le passé.
L’Allemagne avait bien résisté à la première partie de la crise : en 2020, la récession avait été beaucoup moins forte qu’ailleurs en Europe.
En 2021, c’est l’Allemagne qui fait nettement moins bien que ses voisins. « L’effet de la pandémie joue sur les comportements de façon différente de pays à pays. En Allemagne, beaucoup de gens évitent d’eux-mêmes les lieux fréquentés ou bien certains commerces. Le taux de vaccination reste en deçà de celui de la France ou de l’Italie », poursuit M. Junker.
La question est de savoir combien de temps cette reprise entravée va durer. La plupart des économistes restent optimistes sur le fait que l’activité retrouvera sa pleine vigueur au printemps et le niveau d’avant-crise à l’été 2022. « Dès que la vague actuelle du Covid-19 s’atténuera, les gens devraient de nouveau dépenser davantage pour leur consommation. Certes, le pouvoir d’achat disponible est actuellement freiné par les prix élevés de l’énergie, mais les Allemands ont épargné 200 milliards d’euros pendant la crise », estime Sebastian Dullien, économiste en chef de l’Institut de macroéconomie et de recherche économique IMK.