La Banque centrale européenne n’exclut plus une hausse des taux en 2022

  • 2022-02-05 05:27:59
La présidente de l’institution, Christine Lagarde, a changé de ton et s’inquiète de l’inflation, même si elle conserve, pour l’instant, le statu quo pour sa politique monétaire. La Banque centrale européenne semble avoir amorcé un virage, jeudi 3 février. Après avoir assuré, en décembre 2021, qu’une hausse des taux serait « très improbable » en 2022, Christine Lagarde, sa présidente, a refusé à deux reprises de répéter les mêmes propos pendant la conférence de presse qui a suivi la réunion de son conseil des gouverneurs. A la place, elle a affirmé que ses propos de décembre « étaient attachés à des conditions », en particulier l’évolution de l’inflation. Dans la zone euro, les prix à la consommation ont augmenté de 5,1 % en janvier, leur plus haut niveau depuis le début des années 1990, nettement au-dessus du mandat officiel de 2 % de la BCE. Ils dépassent 6 % en Espagne, 7 % aux Pays-Bas, 8 % en Belgique et même 12 % en Lituanie. La question « inquiète tout le monde autour de la table » du conseil des gouverneurs, souligne Mme Lagarde. « L’inflation pourrait bien être beaucoup plus forte qu’anticipé », explique-t-elle. « La BCE commence à changer de ton, commente Mathieu Savary, de BCA Research, un groupe de recherche et conseil en investissements. On se rapproche d’une hausse des taux. » Il parie sur une première augmentation vers la fin de l’année. Actuellement, le taux de dépôt de la BCE est à – 0,5 %, inchangé depuis septembre 2019. La spécificité de la BCE Les propos de Mme Lagarde ont fait réagir assez fortement les marchés. Le taux d’emprunt à dix ans de la France est passé de 0,45 % à 0,58 % ; celui de l’Allemagne est désormais clairement au-dessus de zéro, à 0,15 % ; le taux italien s’est encore plus tendu, de 1,45 % à 1,65 %. L’ère des emprunts gratuits semble s’éloigner réellement. Les Bourses européennes ont chuté dans la foulée (– 1,5 % pour le CAC 40), inquiètes de voir un resserrement monétaire se profiler. Les marchés financiers semblent cependant s’emballer, pariant sur quatre hausses du taux de la BCE dès cette année. « Cela semble beaucoup trop agressif, comme vision », estime M. Savary. Mme Lagarde a, d’ailleurs, tempéré les ardeurs. Elle a répété que toute augmentation du taux suivrait un lent séquençage : d’abord, la fin des achats de dette par la BCE, qui prendra plusieurs mois, et seulement ensuite une hausse des taux. En clair, un tel geste demeure lointain. De plus, le changement de ton lors de la conférence de presse n’atténue pas la spécificité de la BCE parmi les grandes banques centrales. La Fed américaine a annoncé une hausse de son taux dès mars. Jeudi, la Banque d’Angleterre a augmenté le sien pour la deuxième fois en deux mois, de 0,25 % à 0,5 %. En comparaison, la BCE n’a encore rien changé.

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