L’inquiétante dérive des comptes publics italiens

  • 2019-05-24 00:07:14
Question occultée pendant la campagne pour les européennes, la dette de la Péninsule continue d’enfler dangereusement. C’est le sujet empoisonné par excellence, celui que tous les partis politiques italiens en lice pour les élections européennes ont soigneusement évité de mettre en avant. Comment s’en étonner ? A-t-on déjà vu quelqu’un remportant une élection en parlant de la dette ? Le problème, c’est que quelle que soit l’issue du scrutin du 26 mai et la configuration européenne qu’il créera, cette donnée s’imposera à tous : la situation des comptes publics italiens s’est tellement dégradée ces derniers mois qu’elle engendrera nécessairement, à brève échéance, une situation très dangereuse. Mercredi 22 mai, à Rome, Vincenzo Boccia dirigeait pour la dernière fois l’assemblée annuelle des industriels de Confindustria, le Medef italien. Pour son ultime discours en tant que président, en présence des représentants des plus hauts responsables institutionnels (le chef de l’Etat Sergio Mattarella, le premier ministre Giuseppe Conte, la présidente du Sénat, Maria Elisabetta Casellati, et celui de la Chambre des députés, Roberto Fico), celui-ci s’est offert le luxe de prononcer un véritable réquisitoire contre les choix économiques de l’actuel gouvernement italien. Tout d’abord, a-t-il asséné, il faudra trouver au bas mot 32 milliards d’euros, dans le prochain budget, pour que l’Italie respecte sa trajectoire budgétaire, et « il n’y aura pas de solution indolore ». Alors que la croissance est à l’arrêt, le déficit public initialement prévu en 2019 à 2,04 % du produit intérieur brut (PIB) a déjà été réévalué par le gouvernement à 2,4 %, et les privatisations massives auxquels s’était engagé le pouvoir italien (18 milliards d’euros) n’ont même pas été ébauchées. « Il faut arrêter de se diviser sur des promesses qui ne peuvent être tenues et se concentrer sur ce qui reste à faire », a poursuivi M. Boccia, allant même jusqu’à évoquer le besoin que « gouvernement et opposition travaillent ensemble » pour éviter la catastrophe. Ces propos, ouvertement dirigés contre l’actuel gouvernement, ont été accueillis par un tonnerre d’applaudissements. INFOGRAPHIE LE MONDELe vice-premier ministre et chef politique du Mouvement 5 Etoiles (antisystème), Luigi Di Maio, présent dans la salle, n’a pas bronché. Dans son intervention, il a affirmé que « la réduction du déficit doit arriver grâce à des investissements et non grâce à des coupes brutales », et que « rigueur et croissance doivent être compatibles ». AFP.  

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