Interpellé au Japon le 19 novembre 2018 pour des soupçons de malversations financières, l’ex-patron de Nissan a été accusé d’abus de confiance vendredi.
Carlos Ghosn a été mis en examen, vendredi 11 janvier, pour deux nouveaux chefs d’inculpation et sa sortie de prison semblait compromise, malgré la demande de libération de ses avocats. Après l’avoir inculpé, le 10 décembre 2018, pour dissimulation d’une partie de ses revenus aux autorités boursières entre 2010 et 2015, la justice japonaise a retenu le même chef d’inculpation mais pour les années 2015-2018. Sur ce dossier, la mise en examen concerne également Nissan en tant qu’entreprise et Greg Kelly, ex-administrateur délégué.
La justice japonaise estime aussi que l’homme d’affaires de 64 ans a imputé à Nissan 1,85 milliard de yens (14,8 millions d’euros) de pertes réalisées sur des placements à titre personnel. A ce titre, Carlos Ghosn est inculpé pour abus de confiance. Selon le parquet de Tokyo, il risque jusqu’à quinze ans de prison pour ces chefs d’inculpation.
Ses défenseurs n’avaient pas grand espoir, vendredi, que la justice fasse droit à leur demande de libération sous caution. Si elle était refusée, M. Ghosn pourrait rester en détention jusqu’au début de son procès qui pourrait avoir lieu, estime sa défense, dans six mois.
Lire aussi Carlos Ghosn : les arguments de la défense en trois pointsL’Etat de santé de l’homme d’affaires semble se dégraderL’homme d’affaires est derrière les barreaux depuis plus de cinquante jours et sa première garde à vue, le 19 novembre. Mais son état de santé semble se dégrader. Jeudi, il a souffert d’une forte fièvre et les interrogatoires ont été suspendus. « Les autorités japonaises refusent de dire s’il a été transféré dans une infirmerie et ne nous laissent pas parler avec le personnel médical du centre de détention, a déploré dans un communiqué sa femme Carole. Nous sommes très inquiets. »
L’offensive lancée ces dernières semaines par Carlos Ghosn, sa famille et ses avocats pour faire valoir les arguments de l’homme d’affaires et contrer les révélations, essentiellement à charge, circulant dans la presse japonaise, ne semble pas avoir eu les résultats escomptés. Le 8 janvier, lors de sa première apparition publique, Carlos Ghosn, amaigri mais combatif, avait clamé son innocence devant un tribunal de Tokyo, assurant être « accusé à tort et détenu de manière injuste ».
Nissan a fait savoir vendredi qu’il avait mis fin au bail de l’appartement accordé à Carlos Ghosn dans la résidence de luxe Motoazabu Hills, située dans l’un des quartiers les plus chers de Tokyo. Le constructeur, qui prévoit de faire de même pour ceux d’Amsterdam et de Paris, a annoncé le dépôt d’une plainte, au pénal, contre son ancien patron.
Le groupe japonais écarte au même moment certains proches de M. Ghosn. José Munoz, le patron Chine de Nissan, et Arun Bajaj, le responsable des ressources humaines ont été mis en « congé », tandis que Manabu Sakane, vice-président chargé de la planification au sein de Nissan Americas, a été nommé le 11 janvier à la vice-présidence au sein du bureau du PDG.
Lors d’un conseil d’administration organisé jeudi, Nissan a décidé d’élargir à titre provisoire l’éventail des décisions sur lesquelles cette instance doit se prononcer. Il a réaffirmé « son engagement dans l’Alliance avec Renault et Mitsubishi ».
AFP.