Des anti- « Black Friday » bloquaient des entrepôts d’Amazon
2019-11-30 20:06:56
Les militants entendent dénoncer l’impact de la surconsommation sur le climat, au lendemain du « Black Friday » et d’initiatives du même ordre en France.
Le « Black Friday », un « vendredi noir » pour l’environnement ? C’est ce que défendent les associations de défense de l’environnement et les altermondialistes qui bloquaient samedi 30 novembre au matin un entrepôt d’Amazon dans le sud de Montélimar (Drôme) et deux centres commerciaux à Besançon et Nantes avant d’être évacués.
Depuis 8 h 30, explique Raphaël Pradeau d’Attac, 160 militants de cette organisation altermondialiste, « de Solidaires, d’ANV-COP21, d’Extinction Rebellion (XR) et de Jeunes pour le climat ont déversé de la terre et des cartons symbolisant les activités d’Amazon et mis en place une chaîne humaine » devant les trois entrées et sorties de la plate-forme du géant mondial du commerce en ligne. « Des syndicalistes de la CGT d’Amazon et une cinquantaine de “gilets jaunes” nous ont rejoints », a-t-il ajouté.
Levée des blocages
Les militants ont quitté dans le calme en début d’après-midi l’entrepôt d’Amazon dans la Drôme, avant l’intervention des forces de l’ordre. Ils ont « promis une prochaine action dans le Gard, à Fournès, où doit être implantée une plate-forme » du grand groupe américain, a précisé M. Pradeau.
A Besançon, environ 200 militants d’ANV-COP21 et Extinction Rebellion (XR) ont bloqué pendant plus de deux heures, avec des chariots, les entrées d’un centre commercial. Des commerçants, en colère, ont bousculé et insulté des activistes. « Laissez-nous travailler ! », a crié un commerçant. « On comprend les commerçants, ça nous fait mal au cœur, ils payent leur emplacement. Mais on est obligés de se mobiliser pour tout le monde », a expliqué Line Ruelle, militante d’ANV-COP21.
« Toute la planète est concernée par les dégâts environnementaux, sociaux et le manque d’action des gouvernements », a-t-elle ajouté. Les manifestants ont levé le blocage peu après midi et le centre commercial, qui avait fermé ses portes, a pu rouvrir, a annoncé la préfecture du Doubs. Le blocage d’un centre commercial à Nantes samedi matin par environ 200 altermondialistes a aussi été levé. Dès midi, les clients pouvaient y accéder en passant par les parkings. Dans la matinée, des salariés, bloqués à l’extérieur, n’avaient pas pu rejoindre leur poste de travail.
A l’occasion du « Black Friday », transformé à l’appel des protestataires en « Vendredi noir », Amazon avait déjà été la cible vendredi de plusieurs actions près de Paris et Lyon, ainsi que dans le Nord, pour dénoncer « la surconsommation, les conditions de travail » dans les entrepôts du groupe américain et « l’évasion fiscale pratiquée massivement par la multinationale », selon Attac.
« Nous permettons de donner du pouvoir d’achat aux Français »
A la suite de ces actions, le patron d’Amazon France, Frédéric Duval, a défendu l’entreprise américaine dans une interview au Parisien, assurant que « l’e-commerce est une chance pour la France ». Surconsommation ? « Non, il s’agit de consommation. Nous permettons de donner du pouvoir d’achat aux Français. Si j’ai bien compris, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’en félicite », poursuit-il.
Par ailleurs, ajoute M. Duval, « Amazon paie ses impôts en France mais le montant fait partie du secret fiscal ». Concernant l’impact des activités du grand groupe américain sur l’environnement, « Amazon, assure-t-il, est la seule entreprise au monde à avoir pris l’engagement d’atteindre les objectifs des accords sur le climat de Paris pour 2050, dès 2040. »
Pour Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat à l’économie, « chaque Français a le pouvoir, dans sa manière de consommer, de changer les règles du jeu, de consommer plus responsable, de consommer plus durable, et de consommer (…) français ». « Les gens sont grands, ce sont des adultes, c’est à eux de maîtriser leur consommation, et “Black Friday” ou pas “Black Friday”, il y aura toujours des promotions sur des produits », a-t-elle affirmé samedi au micro d’Europe 1.