Ferrari, piscines, argent… : General Motors accuse Fiat Chrysler d’avoir corrompu des syndicalistes
2019-12-02 15:50:00
Des dirigeants syndicaux de l’United Auto Workers et des cadres du constructeur italo-américain corrompus ont été condamnés à de la prison. GM s’estime victime de l’affaire.
Lorsque General Motors (GM) a attaqué en justice Fiat Chrysler Automobiles (FCA), mercredi 20 novembre, l’accusant d’avoir corrompu les syndicalistes de l’United Auto Workers (UAW) à ses dépens, le groupe italo-américain a répondu par un communiqué offusqué.
« Nous sommes stupéfaits par cette plainte et son calendrier. Nous ne pouvons que supposer que celle-ci est destinée à perturber notre projet de fusion avec [l’entreprise française] PSA et nos négociations en cours avec l’UAW », a riposté Fiat, qui a d’ailleurs signé, samedi 30 novembre, un accord de principe portant sur une nouvelle convention collective de quatre ans avec UAW. Le groupe italo-américain estime surtout que « la plainte de GM n’est rien d’autre qu’une tentative sans valeur de détourner l’attention de ses propres difficultés ».
Tout n’est pas faux dans cette réaction : le constructeur de Detroit (Michigan) sort d’une grève de quarante jours, souffre d’un écart de productivité avec ses concurrents et n’est pas mécontent d’embarrasser FCA en ce moment délicat.
Mais il est surtout vrai que des dirigeants de ce dernier ont corrompu, depuis des années, les responsables syndicaux de l’UAW, comme l’a révélé, dès 2017, une enquête de la police fédérale (FBI) qui n’en finit pas de mettre au jour les pratiques illicites du syndicat. Ce qui a conduit à la démission de son président, Gary Jones (de juin 2018 à novembre 2019), dont le domicile a été perquisitionné en août.
Le cas le plus édifiant est celui d’Alphons Iacobelli, ancien vice-président responsable des ressources humaines de Fiat Chrysler, condamné à cinq ans et demi de prison en 2018 après avoir plaidé coupable. Il avait siphonné les fonds d’un centre de formation commun avec le syndicat, le National Training Center, pour arroser le négociateur syndical en chef, General Holiefield et sa femme Monica Morgan : 1,2 million de dollars (environ 1,09 million d’euros au taux de conversion actuel) entre 2009 et 2013, dont 262 000 dollars pour rembourser un emprunt immobilier, des billets d’avion en première classe, des dizaines de milliers de dollars à des associations caritatives dont les fonds étaient détournés, et une piscine.
M. Iacobelli ne s’était pas oublié, s’offrant une Ferrari 458 Spider à 350 000 dollars, deux stylos Mont-Blanc d’une valeur chacun de 35 700 dollars, une piscine et une nouvelle cuisine dans sa maison du Michigan.
Le but était d’avoir des interlocuteurs syndicaux « gras, idiots et heureux », confia au FBI Jerome Durden, le comptable de la firme italo-américaine qui effectuait les versements – il a été condamné à quinze mois de prison en 2018, tandis qu’un négociateur de Fiat, Michael Brown, a reçu une peine d’un an.