A Wuhan, la reprise épique d’une usine française

  • 2020-04-16 15:11:51
Acome, un producteur de câbles électriques, a tout fait pour reprendre l’activité le plus tôt possible, alors que Wuhan, l’épicentre de la pandémie de Covid-19, était sous confinement strict. Des employés ont dormi sous tente pendant deux semaines pour assurer la production. Sur son compte WeChat, le réseau social dominant en Chine, Frédéric Briand, patron pour la Chine du fabricant français de câbles Acome, a posté ces photos, comme des souvenirs de guerre : dans deux salles de réunion de l’usine de Wuhan, des tentes igloos ont été installées pour les campements des hommes et des femmes. « Pour moi, c’est le symbole du combat qu’on a mené pour préserver l’activité », raconte Frédéric Briand. L’usine Acome est située dans le district industriel de Chadian, au sud-ouest de Wuhan, qui accueille aussi Dongfeng, le constructeur automobile chinois et les usines de ses nombreuses coentreprises (PSA Peugeot, Nissan ou Honda). La métropole du centre de la Chine a été mise en quarantaine stricte du 23 janvier au 8 avril, une catastrophe pour son économie. Mais les entreprises essentielles, ou bien connectées, ont pu continuer à travailler ou reprendre le travail plus tôt. Wuhan Iron and Steel Corporation, l’aciérie de la ville qui emploie des dizaines de milliers de personnes, a continué à produire sans interruption. Plus compliqué pour une entreprise n’employant que 185 personnes. Acome a dû faire quatre demandes pour obtenir finalement l’autorisation d’ouvrir, le 6 mars, après quarante-cinq jours d’interruption. L’un de ses clients, un producteur d’ambulances qui tournait à plein régime, a soutenu sa demande. Mais c’est une ouverture minimale : seuls seize employés sont autorisés à revenir, s’ils dorment sur place. Les salariés, volontaires, se voient proposer 300 yuans (39 euros) par jour pour reprendre le travail. Une prime non négligeable pour des ouvriers payés en moyenne 3 500 yuans par mois (450 euros). « Ils étaient contents d’être là, après deux mois confinés », raconte M. Briand. Le patron, qui habite à deux kilomètres, a échappé aux nuits sous tentes. « J’ai obtenu une autorisation de sortie pour aller les voir tous les jours, confie-t-il. C’était important de montrer que j’étais là. Je pense que cela a renforcé les liens. Je ne me sentais pas de rentrer en France et de les abandonner. Ce serait comme un capitaine de navire qui partirait le premier sur la chaloupe. » Une seule ligne de production fonctionne Pour assurer la logistique alors que les commerces sont fermés, le gouvernement de la zone de développement crée un groupe WeChat avec les entreprises qui reprennent le travail. Acome obtient des tentes pour chaque employé, des matelas et des couvertures chauffantes, car le climat est encore froid. Le résultat est « plutôt confortable », assure Liu Hongyan, responsable des ressources humaines de l’entreprise, qui a dormi sur place. Les autorités locales recommandent aussi un traiteur, qui continue à travailler, avec un tarif trois fois supérieur au prix habituel. Mais le matin, c’est la DRH qui fait le petit déjeuner : porridge de riz, mantous (des petits pains cuits à la vapeur) et patates douces.

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