Une récession brutale devrait frapper la France en 2020
2020-06-10 18:46:21
Selon l’OCDE, la France enregistrera l’une des plus fortes chutes du PIB au monde, alors que la zone euro vivra elle-même une spirale brutale.
L’horizon économique de la France et des pays de la zone euro s’assombrit un peu plus. Selon les prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publiées mercredi 10 juin, la contraction du produit intérieur brut (PIB) va se situer entre 11,4 % et 14,1 % en 2020 en France.
Soit la contraction la plus importante au monde, dans les mêmes proportions qu’en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni. Même l’Argentine, qui vient pourtant d’entrer, fin mai, en défaut de paiement, s’en sortira mieux avec une chute de son PIB attendue entre 8,3 % et 10,1 %. C’est dans la zone euro que le décrochage, compris entre – 9,1 % et – 11,5 %, sera le plus brutal de la planète.
En raison de « l’incertitude exceptionnelle » de la conjoncture cette année, l’OCDE présente ses prévisions en prenant en compte deux scénarios. L’un avec une deuxième vague de la pandémie de Covid-19 se propageant sur la planète à la fin 2020, l’autre sans.
« Grande fragmentation »
L’économie française cumule les handicaps en cette période. « Ses avantages comparatifs se situent dans des secteurs parmi les plus touchés par la crise comme le transport aérien, le tourisme ou même le luxe, explique Daniel Cohen, directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure. Et l’Hexagone n’a pas eu d’autre solution que le confinement massif, contrairement à l’Allemagne qui s’était préparée plus tôt à la pandémie. »
L’OCDE constate que les « services ont été plus touchés que l’industrie », particulièrement dans les secteurs de l’hôtellerie, du tourisme et des loisirs. « On assiste à l’épuisement d’un Etat jacobin qui a voulu tout gérer depuis le sommet, des écoles aux transports publics, ajoute M. Cohen. Or, un Etat centralisateur est mieux placé pour imposer un confinement total que pour en gérer sa sortie, là où il faut agir par petites touches et avec de la concertation sociale, secteur par secteur. »
Autre inquiétude exprimée par l’OCDE : le passage de « la grande intégration » à « la grande fragmentation » avec la montée des inégalités entre les salariés, les pays et la fermeture des frontières. Même si la récession sera moins spectaculaire dans les économies émergentes, les filets de sécurité sociale y sont plus fragiles et les marges de manœuvre budgétaires des gouvernements plus réduites. Or, ces économies sont touchées par la baisse du prix des matières premières, la fuite des capitaux étrangers (même si celle-ci a tendance à se réduire), un endettement élevé, un secteur informel répandu et la baisse du commerce mondial. La diminution des échanges ne devrait pas dépasser 11,5 % cette année, un niveau comparable à ce qui fût observé pendant la crise 2009, mais ils contribuent à hauteur de 30 % du PIB des pays en voie de développement, contre 18 % dans les régions développées. Selon les nouvelles estimations données, mardi, par la Banque mondiale, la pandémie va faire tomber dans l’extrême pauvreté entre 71 et 100 millions de personnes, avec un seuil de revenu fixé à 1,90 dollar (1,70 euro) par jour. Cette hausse va se concentrer en Asie du Sud, particulièrement en Inde, ainsi qu’en Afrique subsaharienne.