Wirecard essuie une déroute boursière après l’annonce d’un nouveau report de ses résultats

  • 2020-06-19 17:25:13
Le cabinet d’audit EY a refusé de certifier les comptes 2019 de la fintech allemande, spécialiste du règlement des paiements électroniques, en raison de graves irrégularités. C’est l’histoire d’une entreprise au succès si éclatant qu’elle est passée, en vingt ans, du statut de start-up à celui de membre, en septembre 2018, de la prestigieuse première ligue boursière allemande, le DAX. Et qui, en moins de deux ans, a vu s’effondrer sa réputation jusqu’à devenir l’un des plus grands scandales boursiers de l’histoire du capitalisme outre-Rhin. Cette histoire, qui pourrait constituer la trame d’un thriller financier, c’est celle de Wirecard, une fintech (entreprise technologique financière) de la banlieue de Munich, spécialiste du règlement des paiements électroniques. Wirecard a connu, jeudi 18 juin, une journée qui a fait basculer son destin. L’entreprise a perdu jusqu’à 70 % de sa valeur, du jamais-vu au sein de l’indice-phare de la place de Francfort. La cause de ce dévissage spectaculaire est le report, pour la quatrième fois, de la publication des résultats de l’année 2019. Le cabinet d’audit EY, qui contrôle depuis une décennie les comptes de Wirecard, a refusé de donner à la société la certification de ses comptes annuels. Il relève des irrégularités à hauteur de 1,9 milliard d’euros, ce qui correspond à un quart du chiffre d’affaires du groupe. Pour le cabinet, des partenaires de Wirecard, banque ou mandataire, qui gèrent pour elle des comptes séquestres, lui ont fourni des confirmations de solde inexactes à fin de fraude. Selon les informations du quotidien Handelsblatt, les irrégularités proviendraient de deux comptes, dans deux banques asiatiques partenaires de Wirecard, auprès de qui EY n’a pas pu obtenir d’éléments de vérification suffisants. Comptes séquestres incriminés L’affaire est extrêmement grave pour la fintech, parce qu’elle touche au cœur de son modèle économique. Le principe est le suivant : quand un client achète quelque chose dans un magasin ou sur Internet, Wirecard se charge de faire l’intermédiaire entre ce client et le marchand, en échange de quoi elle facture une commission. Un des services assurés est la garantie, pour le marchand, en cas de paiement différé : Wirecard le règle immédiatement et se charge de récupérer auprès du client la somme due, parfois des semaines plus tard. La société assure normalement ce service elle-même, ou fait appel à des prestataires financiers externes, comme en Asie, où le groupe allemand réalise une grosse part de son chiffre d’affaires. C’est là que le bât blesse. Les comptes séquestres incriminés dans cette affaire servent à assurer le règlement des transactions effectuées par Wirecard.

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