Mort de Jeremie Cohen : deux hommes mis en examen

  • 2022-04-18 01:37:56
Le procureur de Bobigny a répété qu’à ce stade il n’existait toujours « aucun élément objectif permettant de caractériser un motif discriminatoire, en particulier antisémite, à l’origine de ces violences ». Deux hommes de 27 ans et de 23 ans ont été mis en examen et placés en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur la mort de Jeremie Cohen, a annoncé, vendredi 15 avril, le parquet de Bobigny. Le 16 février, Jeremie Cohen, 31 ans, juif et porteur d’un handicap non visible, était percuté par un tramway à Bobigny, après avoir été frappé par plusieurs personnes, et mourait, quelques heures plus tard, à l’hôpital. Les images de son agression et de la collision avec le tramway, d’une grande violence, avaient été diffusées en ligne, provoquant et accompagnant la politisation de l’affaire. Se sachant recherchés, les deux hommes mis en examen s’étaient présentés à la police, mardi 12 avril. Après deux jours de garde à vue, ils ont été mis en examen pour « violences volontaires en réunion » pour l’un et « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » pour l’autre, a précisé le procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais. Tous deux ont été immédiatement écroués. Une décision incompréhensible pour leur avocat, Lucas Minkowski, qui décrit, au Monde, deux profils « parfaitement insérés » : l’un est en CDI, l’autre en formation. Et surtout, ajoute-t-il, aucun n’a d’antécédents pour violences ou atteintes à la personne. « C’est un dossier dans lequel la justice réagit uniquement à la pression médiatique et politique, explique l’avocat, parce qu’elle est mal à l’aise de n’avoir pas répondu plus tôt aux légitimes demandes d’explications de la famille de Jeremie Cohen : initialement, le parquet avait orienté l’enquête sur un accident de la circulation entre un piéton et un tramway. La décision, hier, de mettre en examen et surtout de placer en détention provisoire les deux mis en cause ne se justifie pas dans un dossier de violences. On ne répare pas une injustice par une autre. » Deux altercations Lors de leurs auditions, les deux suspects ont raconté une agression en deux étapes : d’abord, une première altercation, qui n’apparaît pas sur la vidéo, entre les deux mis en examen et la victime ; ensuite, une seconde scène de violences, enregistrée sur la vidéo, à laquelle seul l’un des mis en examen participe avec d’autres personnes, non identifiées pour le moment. « Toujours au préjudice de la victime », affirme le parquet. Qu’a donc provoqué un tel déchaînement contre Jeremie Cohen ? Selon les déclarations en garde à vue des deux hommes mis en cause, « ces violences seraient à mettre en lien avec le comportement de la victime, auquel ils auraient réagi en lui portant des coups », indique laconiquement le procureur de la République dans son communiqué. S’il ne donne pas davantage de précisions sur le motif des violences, il répète, comme plusieurs fois depuis dix jours, que, « à ce stade, il n’existe toujours aucun élément objectif permettant de caractériser un motif discriminatoire, en particulier antisémite, à l’origine de ces violences ».

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