Espionnage de salariés d’Ikea : un an de prison ferme requis contre l’ex-PDG

  • 2021-03-31 11:46:33
Deux millions d’euros d’amende ont, par ailleurs, été demandés contre l’entreprise suédoise, mardi, au tribunal de Versailles. Etrange procès que celui de l’espionnage des salariés d’Ikea, un peu bancal depuis son ouverture, et même avant, en réalité. La faute à une instruction que toutes les parties – salariés espionnés comme cadres supposés espions –, qui s’invectivent à propos de tout le reste, s’accordent à qualifier de « bâclée » (en huit ans tout de même) et qui a mis l’audience sur de mauvais rails. La période de prévention retenue (2009-2012) exclut la majorité des faits, avérés depuis 2002 ; beaucoup d’acteurs – policiers, directeurs de magasins ou cadres d’Ikea manifestement concernés – manquent au casting ; l’accusation de corruption des policiers qui ont fouillé, sur demande d’Ikea, les antécédents judiciaires de centaines de salariés a été balayée à l’aube de l’enquête, alors même que, comme la procureure Pamela Tabardel le rappelle, « tout le monde s’interroge : pourquoi les policiers donnent des informations confidentielles à Ikea » ? « La défense a pointé, dès le premier jour, les imperfections du dossier et je ne les rejette pas », a dit la magistrate, mardi 30 mars, soupirant au moment de prendre ses réquisitions devant le tribunal de Versailles : « Ce dossier, il est tel qu’il est. » Sursis réclamé pour deux hauts cadres Son réquisitoire s’est parfaitement fondu dans ce curieux décor judiciaire, avec ses propres bizarreries, l’une d’elles consistant à requérir la relaxe de deux cadres d’Ikea, tout en les déclarant coupables. Claire Héry, ancienne DRH : « Je suis persuadée qu’elle était au courant [du système de surveillance des salariés]. Les éléments sont insuffisants, mais nous ne sommes pas dupes. » Stefan Vanoverbeke, ancien PDG : « Au vu de sa position dans la société, on ne peut pas concevoir qu’il ait été mis à l’écart d’une telle pratique, mais ce n’est qu’une supputation. » Pour les treize autres prévenus accusés d’avoir, chacun à son échelle, pris part à « des enquêtes privées à l’insu de 400 collaborateurs d’Ikea », la procureure a requis en moins de deux heures. Contre les directeurs des magasins de Reims (Marne) et Avignon, accusés d’avoir transmis des listes de salariés « à tester » : deux ans avec sursis. Contre les responsables de la sécurité de ces deux magasins qui les ont aidés : un an et six mois avec sursis. Contre quatre policiers soupçonnés d’avoir pioché dans leur fichier d’antécédents judiciaires censé être confidentiel : de six mois à deux ans avec sursis.

متعلقات