Au Yémen, les rebelles Houthis cachent la pandémie et font régner l'omerta
2020-05-18 19:49:01
Les insurgés chiites dissimulent les cas de Covid-19 et menacent le personnel médical pour servir leur propagande. Des pratiques dictatoriales.
"Voici comment les Houthis gèrent le coronavirus à Sanaa...'' Via une messagerie sécurisée, Zina commente, sous couvert d'anonymat, une photo prise le matin même par une collègue. On y voit des combattants du mouvement rebelle chiite yéménite bondir d'un camion. Les soldats se dirigent vers la porte d'une maison de la capitale. "Ils s'apprêtent à arrêter la famille d'un habitant suspecté d'être atteint par le Covid-19'', explique-t-elle. Etudiante en médecine d'urgence, Zina travaille dans le plus grand hôpital de Sanaa. Elle confie être obligée par les insurgés de transmettre systématiquement ''l'identité du malade et de ses proches, après chaque scanner révélant des symptômes liés au virus''. Le patient est alors emmené manu militari en unité d'isolement, et sa famille placée de force en quarantaine.
Hérauts de la forte minorité chiite, marginalisée, les Houthis, soutenus par l'Iran et en guerre contre le pouvoir central, tiennent le nord-ouest du Yémen depuis 2015. Aux yeux des habitants, ils sont devenus une force d'occupation. Leurs combattants font régner la terreur, et imposent une censure totale depuis le début de la pandémie. Le ministre de la Santé des rebelles ne reconnaissait encore tout récemment que deux cas positifs, dont celui d'un Somalien. Une annonce en phase avec la propagande des Houthis, qui pointe le Covid-19 comme une création d'Israël et des Etats-Unis destinée à nuire à leur insurrection. Zina n'en croit pas un mot : ''ils dissimulent le nombre exact de personnes atteintes."