Anne Hidalgo compte doter la capitale du premier plan local d’urbanisme bioclimatique de France.
Les débats sur la trop grande « bétonisation » de la capitale et le besoin impérieux de réintroduire de la nature en ville ont divisé pendant la campagne municipale. Mais ces discussions, que la crise sanitaire n’a fait qu’approfondir, n’auront peut-être été que les prémices d’échanges à venir bien plus nourris sur la manière de concevoir le Paris de demain.
La maire socialiste Anne Hidalgo a en effet décidé de marquer le début de sa nouvelle mandature par l’annonce en Conseil de Paris, ces jeudi 23 et vendredi 24 juillet, de la révision en profondeur du plan local d’urbanisme (PLU). Avec pour ambition de doter la capitale du premier PLU « bioclimatique » de France.
L’idée, derrière cet adjectif, est d’adapter le document qui définit les règles de construction et d’aménagement du territoire aux enjeux du dérèglement climatique. D’« insuffler un haut niveau d’exigence environnementale dans la conception même de la ville, dans tous les projets, et à toutes les échelles de son renouvellement », selon les propres termes de la maire socialiste. « C’est la première fois qu’une collectivité de rang mondial se fixe un objectif aussi exigeant de sobriété environnementale », veut croire Emmanuel Grégoire, son premier adjoint et nouvel élu chargé des questions d’urbanisme.
La tâche n’est pas mince. D’autant que les socialistes, écologistes et communistes qui composent la majorité ont parfois des divergences nettes sur le sujet.
« Conférence citoyenne »
Ces mêmes débats gagnent tout le territoire. A Bordeaux, Lyon, Marseille, Strasbourg, Besançon, Poitiers, Tours, dans toutes les métropoles atteintes par la vague verte, les équipes nouvellement installées relisent, un à un, les dossiers d’aménagement à travers le prisme de l’urgence climatique.
A Paris, la dernière grande révision du PLU remonte à la première mandature de Bertrand Delanoë, au début des années 2000. A l’époque, les enjeux étaient autres. Priorité était alors donnée à la construction de logements sociaux, y compris à l’ouest de la ville, pour rendre cette dernière accessible aux ménages les plus modestes. Il avait fallu près de cinq ans pour aboutir au texte de 2006, qui, depuis, a subi trois modifications, dont celle qui a levé le tabou sur la hauteur des tours. Cette fois, l’objectif est de boucler le dossier avant les Jeux olympiques de 2024.
Mais, avant d’entrer dans le processus formel et très cadré de la révision, l’équipe d’Anne Hidago entend concerter largement, cet automne. Si les élus parisiens valident le principe, une « conférence citoyenne », cet exercice de démocratie participative à la mode, sera lancée à la rentrée. D’ici à septembre, une centaine de citoyens, dont une vingtaine habitant la banlieue, seront désignés pour passer trois week-ends à « expertiser les orientations » de la municipalité sur son futur PLU. Tous seront formés aux règles de l’urbanisme, rémunérés, et devront rendre leur copie avant novembre.