Une récession allemande pèserait lourdement sur l’économie française

  • 2022-04-15 01:29:50
L’arrêt des approvisionnements en gaz russe du pays serait aussi dommageable, par effet de contagion, pour les exportateurs tricolores. Les principaux instituts allemands de prévision économique sont désormais d’accord : un arrêt des approvisionnements de gaz russe conduirait l’économie germanique à la récession. Le produit intérieur brut (PIB) du pays reculerait de 2,2 % en 2023, et la perte de PIB cumulée sur 2022 et 2023 s’élèverait à 220 milliards d’euros, soit 6,5 % de la richesse annuelle, selon les projections de cinq organismes de conjoncture (DIW, IFO, IfW, IWH et RWI). Avec quelles conséquences pour l’économie française ? « Il y aura des effets de contagion, notamment par le canal des exportations : une récession allemande conduirait à un manque à gagner pour la France », signale Ana Boata, directrice de la recherche économique d’Allianz Trade (anciennement Euler Hermes). Un effet de contagion d’autant plus fort que les liens économiques entre la France et l’Allemagne sortent plutôt renforcés de la crise liée au Covid-19. Mieux : « Ils ne se sont jamais aussi bien portés », se félicite Patrick Brandmaier, directeur général de la chambre franco-allemande de commerce et d’industrie. C’est là l’un des effets collatéraux des sévères confinements chinois, du renchérissement des coûts de transport et de l’engorgement des chaînes logistiques : chaque pays a cherché à se rapprocher de ses fournisseurs et de ses clients. Résultat : les échanges commerciaux franco-allemands ont progressé de 12 % en 2021, pour atteindre 165 milliards d’euros. Cette tendance s’est poursuivie sur les deux premiers mois de 2022. En janvier et février, les exportations allemandes vers la France ont augmenté de 9,2 %, et les exportations françaises vers l’Allemagne, de 13 %. Paradoxalement, cette excellente santé des échanges bilatéraux fragilise la France face au scénario d’une récession allemande. « Le principal canal de contagion serait alors celui des exportations », explique Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas. Les premiers secteurs touchés ? L’automobile, qui représente 6,3 % milliards d’exportations vers l’Allemagne chaque année, les produits métallurgiques (2,8 milliards), les équipements automobiles (2,6 milliards) ou encore les matières plastiques (2,2 milliards). La pharmacie ou l’agroalimentaire seraient également pénalisés. « Si l’on additionne tout, cela finit par faire un volume important : près d’un cinquième du total des exportations françaises vers l’Allemagne, poursuit M. Colliac. Cela peut créer des crises sectorielles ou régionales en France. »

متعلقات